Dans ce livre qui tient autant du cri du cœur que de l’enquête documentée, Karine Lou Matignon interroge en profondeur notre lien aux animaux : compagnons, alter ego, reflets, victimes. À travers une série de témoignages, de récits, d’éclairages philosophiques, éthologiques, psychologiques, elle tisse un fil limpide : les animaux ne sont pas à la marge de l’humanité, ils en sont le cœur refoulé.
Le texte se lit comme un appel à ouvrir les yeux, non pas seulement sur la souffrance animale, mais sur le manque anthropologique qu’induit leur exclusion : en niant les animaux, on se coupe aussi de nous-mêmes. L’essai est traversé d’intuitions justes : sur l’empathie, la mémoire, la conscience, le sacré, la mort, le langage. Il fait dialoguer scientifiques, penseur·euses, artistes, soignant·es, chamanes. Une vraie tentative de décloisonnement, portée par une écriture accessible et habitée.
Ce que l’essai apporte :
Une réflexion précieuse et transversale, à la croisée de la biologie, de la spiritualité et de la pensée critique, sans jamais tomber dans le dogme. Il rappelle l’évidence que nous sommes cohabitants de la Terre, pas propriétaires. Et pose la question qui dérange : comment rester humain sans écoute, sans humilité, sans égards pour les autres formes de vie ?
Ce qui peut freiner :
Un ton parfois inégal, des passages un peu datés ou anecdotiques selon les sensibilités. Ce n’est pas un traité académique ni un manifeste politique, mais un texte de médiation, de mise en relation. Par moments, on aurait aimé que certaines intuitions soient poussées plus loin, ou plus radicalement.
Conclusion :
Un livre nécessaire, touchant et intelligent, qui creuse sans asséner, qui relie au lieu de séparer. Sans les animaux, il n’y aurait pas de conte, pas de rêve, pas de miroir. Pas d’humain, donc. Et c’est peut-être cette vérité-là qu’on devrait graver dans nos écoles, nos villes et nos cœurs.