Un travail comme un autre par Cédric Moreau

Roscoe ne voulait pas s'installer à la campagne pour y reprendre l'exploitation familiale à la mort de son beau-père mais il finit par céder devant l'insistance de sa femme. Son truc à lui, c'est l'électricité ; mais dans les années 20, sa passion le fait passer pour un illuminé. Pourtant il était parfaitement heureux à la ville, épanoui dans son métier d'électricien ; travailler la terre, très peu pour lui. De plus cela ne leur rapporte guère d'argent et l'indigence l'éloigne de sa femme ; Marie lui reproche de ne pas s'investir assez dans les travaux de l'exploitation. Aussi, lorsqu'il que l'idée de détourner illégalement le courant qui passe sur la route non loin de leur propriété lui traverse l'esprit, il y voit aussitôt l'occasion de faire coup double : ramener la ferme à la prospérité et reconquérir sa femme. Et dans un premier temps cela fonctionne parfaitement. Mais lorsqu'un agent de la compagnie d'électricité va s'électrocuter sur ses lignes sauvages, tout va basculer pour Roscoe qui va se retrouver en prison.


Pour son premier roman, Virginia Reeves nous plonge dans l’Amérique des années 20 et plus précisément en Alabama, en pleine expansion électrique. Son récit est empreint de nombreux sentiments, les personnages devant faire face à de douloureuses épreuves. La psychologie des personnages, et notamment celle de Roscoe, le principal protagoniste, est fouillée et plutôt bien retranscrite. Les ambiances posées par l'auteur sont aériennes et le style de cette dernière très romanesque.


Une des forces de ce livre est le choix de l'auteure d'alterner chapitres racontés par un narrateur externe omniscient – à la troisième personne donc – et chapitres racontés à la première personne par un narrateur interne, en l’occurrence Roscoe, avec un décalage temporel dans l'histoire selon le narrateur. Ce parti-pris de faire raconter l’histoire par deux narrateurs différents et en allers-retours apporte indéniablement un plus à l'ouvrage. Ouvrage qui a reçu le 8 septembre dernier le prix page/america 2016.


Un premier roman réussi et une lecture agréable.

Cortex69
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le 12 oct. 2016

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Cédric Moreau

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