Roger Brown travaille pour Alpha, un cabinet de recrutement. Il est chasseur de tête. Le meilleur de tout le pays : il le clame haut et fort sur tous les toits d’Oslo. Un trentenaire sûr de lui, arrogant, un rien méprisant (ou condescendant) lorsqu’il est avec ses collègues. Un gars qui n’est pas immédiatement sympathique et que le lecteur que je suis n’a pas jugé fréquentable.


Mais il semble réellement doué dans son job. Quand il propose un candidat, ce dernier est systématiquement embauché. Il a d’ailleurs le record dans la profession : les RH ont en lui une confiance aveugle.


Confiance qui n’est pas forcément bien placée car l’homme n’est décidément pas recommandable. Il profite en effet de ses entretiens avec les candidats pour se renseigner sur leur patrimoine : possèdent-ils des œuvres d’art ? Car Roger Brown vit très au-dessus de ses moyens. Il est marié à une femme sublime à laquelle il offre une vie de star. Et ça coûte des ronds ! Des ronds que son métier pourtant bien rémunéré ne lui fournit pas en suffisance. Aussi arrondit-il ses fins de mois en dérobant des toiles de valeur.


Mais on finit toujours par trouver meilleur que soit. Un jour, Roger tombe sur un os : Clas Greve, que sa charmante épouse lui a présenté, se révèle le candidat parfait pour un poste de directeur que Roger doit pouvoir. Si parfait que le chasseur de têtes devient fébrile. Il y a de l’argent à se faire avec cet homme. D’autant qu’il avoue posséder un authentique Rubens, disparu depuis la seconde Guerre Mondiale.


« Garde ton calme, Roger ! »


Certes, ce Rubens peut te mettre à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ta vie. Et te permettre d’entretenir ta superbe femme des années durant. Mais c’est presque trop beau pour être vrai. Car, dans l’appartement de Greve, le Rubens sous le bras, notre voleur décide d’appeler sa femme pour lui faire partager son allégresse sans borne. Le portable à l’oreille, il prend soudain conscience d’entendre la sonnerie du téléphone de sa femme. Il cherche, et trouve l’appareil sous le lit du monsieur… C’est le début d’une longue série d’emmerdes. Roger Brown ne montera pas au Wahalla, mais descendra aux enfers.


Avec Chasseurs de Têtes, Jo Nesbo signe un thriller efficace. Peu de temps mort, des situations difficiles, oppressantes qui mettent en jeu des personnages peu sympathiques. On est souvent mal à l’aise et on en vient à éprouver une certaine empathie pour Roger qui, pourtant, nous flaquait la nausée au début du livre.


Des personnages faux, calculateurs, manipulateurs. Dénués de scrupule. Un texte enlevé, un style direct bourré de dialogues et au langage familier voire argotique qui fait mouche. Un scénario un tantinet chargé qui perd un peu de sa crédibilité au fil des pages. Mais au final un polar qui se lit facilement et avec lequel on ne s’ennuie pas.

BibliOrnitho
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le 10 juin 2015

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