"Je suis un homme moyen, déclarait-il. Salaire moyen, classe moyenne, âge moyen, mais j'ai toujours mon doigt du milieu, et bon sang, je sais encore m'en servir."
Voilà une lecture qui ne laisse pas indifférent. Une jolie surprise.
Pour résumer le concept en quelques mots, "Dans la forêt" se déroule en Amérique, dans un monde qui part en vrille : plus d'électricité, plus d'économie... la société s'effondre. Dans ce contexte, nous suivons deux sœurs adolescentes qui vivent avec leurs parents dans une maison en plein milieu de la forêt, à de nombreux kilomètres du premier village. Mais leurs parents meurent et elles doivent apprendre à se débrouiller seules et survivre.
C'est écrit à la première personne du singulier : nous sommes plongés dans les pensées de Nell, qui aime lire et étudier, qui est organisée et avisée. Sa sœur, c'est Eva et son truc à elle, c'est plutôt la danse, la spontanéité et la liberté. Deux sœurs en somme bien différentes, ce qui fait entre autres l'intérêt du récit.
Dès les premières phrases et jusqu'à la dernière ligne du livre, on est frappé par le réalisme qui se dégage de l'écriture de Jean Hegland. Les réactions, les situations, tout est très réaliste. Cela rend la lecture particulièrement intéressante et émouvante.
Bien entendu, comme les deux filles baignent dans des conditions très compliquées, le récit est fort sombre. Mais cela renforce du coup la cohérence du roman.
Cette fiction amène également à s'imaginer ce que, nous, on ferait à leur place, comment gèrerait-on cette situation apocalyptique ? On ne peut qu'admirer ces deux jeunes filles qui se débrouillent du mieux qu'elles peuvent malgré les drames, les tensions, les désirs, les décisions difficiles à prendre, le travail colossal que demande la survie, le manque de vivres, et tant d'autres choses auxquelles on n'aurait pas forcément pensé.