De la République et Des lois, deux ouvrages distincts de Cicéron qui ont pour objectif de décrire un gouvernement idéal. Philosophe et homme politique, l’auteur transmet avec passion son amour de la patrie romaine et son aversion pour l’individualisme narcissique. Selon lui, il n’y a pas meilleure vertu que de contribuer à l’ouvrage métaphysique de la société des hommes.
Cicéron n’est pas un démocrate. Il n’est pas un partisan du despotisme non plus. Ce qu’il qualifie d’un gouvernement idéal n’est autre que le mix entre la monarchie, l’aristocratie et la démocratie. Difficile de s’imaginer un tel système qui n’est pas décrit dans un détail plus élaboré. Il est cependant philosophiquement intéressant de comprendre la pensée de Cicéron.
Qu’est-ce que la sagesse, la connaissance et l’érudition si ce n’est pour la mettre au service des hommes ? Cicéron critique violemment les épicuriens et les hédonistes, caste d’individus qui ne semble pas réaliser que l’opulence dont ils jouissent n’est possible que par la protection et l’entretien de la cité. Pour se montrer digne de la patrie, il faut alors tout lui donner. C’est seulement quand sa prospérité et sa magnificence est préservée que le citoyen peut jouir de ses privilèges. C’est en fait très simple, la philosophie doit être au service des affaires publiques, de la Res Publica, de la République.
Connais toi toi-même, tel est l’héritage socratique que Cicéron prône. S’envisager dans ce monde infiniment plus grand qu’un simple individu. C’est par la sagesse, la raison, que l’on accède au souffle divin. Ce dernier qui a pour but de guider l’Homme dans sa quête de la prospérité, la possession de la félicité, la concorde de la cité.
Quant aux lois, elles doivent être conformes avec la nature. L’on retrouve alors le concept hérité des Grecs, celui du Cosmos. Lorsque le microcosme ne respecte pas les lois du macrocosme, c’est un régime perverti, décadent, voué au trépas imminent. Cicéron identifie et conçoit la perfection de la nature parce qu’elle semble se mettre au service de l’Homme. Ce dernier se doit de prendre exemple sur elle, via son esprit hérité de Dieu, pour accéder à la divinité d’esprit. Le déisme de Cicéron n’a de religion que dans les pratiques traditionnelles, celles qui assouvissent les superstitions et identifient les bons comme les mauvais présages.
Montesquieu a sans l’ombre d’un doute traversé ces pages. En effet, Cicéron évoque aussi la fonction du magistrat : « Le magistrat est la loi parlante, comme la loi est le magistrat muet ». Une expression qui rappelle celle de « la bouche de la loi » que Montesquieu emploie dans son Livre XI de L’esprit des lois.
Cicéron concevait une patrie souveraine, une maison des hommes qui les abrite du chaos. A l’aide d’une conscience philosophique et historique, l’Homme est en mesure de comprendre la chance qu’il détient lorsqu’il jouit de l’abondance. Son combat doit alors être celui de la préserver, au péril même de sa vie, au profit du bien collectif, par la conduite passionnée et désintéressée des affaires publiques.