Une souffle immense dans un désert sans fin.

Il y a dans ce roman quelque chose de biblique, de minéral, d’inévitable. McCarthy écrit l’Ouest comme une tragédie grecque montée à cheval : des paysages trop vastes pour contenir des hommes, une lumière qui n’éclaire que pour mieux aveugler et des adolescents projetés dans une odyssée qui les dépasse.


John Grady Cole et Lacey Rawlins quittent le Texas comme on quitte l’enfance : brutalement, sans retour possible. Ils chevauchent vers le Mexique, vers ce royaume des chevaux où l’homme croit encore pouvoir se fondre dans une nature immaculée. Mais le rêve s’effrite, la chevauchée se fait descente et ce qui s’ouvrait comme un poème pastoral se révèle vite une apocalypse intime.


La langue de McCarthy est à l’image de son univers : taillée à la serpe, sans gras, mais traversée d’élans de beauté inouïe. Chaque cavalcade, chaque lever de soleil, chaque silence devient prophétique. L’épopée est grandiose, oui, mais elle n’épargne personne : ni les héros, ni leurs illusions, ni le lecteur.


De si jolis chevaux est une odyssée adolescente écrite à la taille du mythe. Le souffle est immense, mais qu’il faut accepter de s’y perdre, comme dans un désert sans fin.

guipolgpl
8
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le 13 sept. 2025

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