Il est des livres (comme des films) dont on sait instantanément après avoir lu leur présentation qu'ils vont profondément nous parler, c'est ce qu'il s'est passer avec "Fragments d'un discours amoureux" de Barthes.
Après avoir enfin décidé à aborder cet auteur grâce à ses passionnantes "Mythologie", ce sont les "Fragments" qui ont attiré mon intérêt. J'ai rapidement acheté ce livre pour le laisser longuement reposer sur mon étagère. Je sentais qu'il s'agissait de ces oeuvres qu'il ne faut commencer que lorsqu'une nécessité se fait sentir (l'achat d'un livre qu'on ne lit tout de suite revient à dire qu'on en aura besoin mais à un moment encore indéterminé).
Cette nécessité est née chez moi il y a deux semaines lorsque je ressortis bouleversé d'une rencontre au marché de Noël. Non pas tant décontenancé par le charme de cette fille et de notre complicité, que déconcerté par ma propre capacité de ressentir et d'oser lui exprimer ces sensations. Je ne sais d'où est venu ce déclic qui devait couver en moi, mais il s'est enfin matérialisé (puissance du langage).
Cette fille étant déjà prise, cette rencontre n'aura "rien donné" ensuite, si ce n'est une révélation d'un romantisme inavoué à la suite ce "ravissement" par cette inconnue.
Le soir venu je me suis alors jeté sur les Fragments de Barthes, sautant aux chapitres les plus directement liés à mes émotions du moment, tombant cette fois amoureux du livre qui me comprenait (ou plutôt, qui me disait).
C'est un ouvrage qui se lit librement, et dont la capacité de relecture est propre aux livres de chevet. Il s'agit d'un livre sur lequel je reviendrai régulièrement, tant il traite toutes les étapes de la relation amoureuse.
En dehors d'être capable d'aimer, le seul pré-requis à ce livre est peut-être la lecture des "Souffrances du jeune Werther" de Goethe, le roman clé et exemplaire de ce livre. Dans tous les cas, la lecture de Goethe constitue elle-même une nécessité.