le 12 juin 2021
Révolte
L'homme n'accomplit sa jeunesse qu'en rompant les liens. Il n'est sauvé que s'il se rebelle, s'il écrase sous son talon le siècle rampant, la vipère qui empoisonne en son germe toute la beauté de...
Hypérion (Hölderlin), ermite en Grèce, désespéré par un Monde que les dieux désertèrent en représailles à l’absolutisme culturel de la race des humains, où poètes, architectes, peintres, sculpteurs finirent par se détourner du divin, Gaïa poignardée en sus, vit dans l’amour de Diotima un nouveau syncrétisme capable d’assécher sa mélancolie, une force morale suffisante à bâtir un nouvel Empire par et pour les Hommes, dans l’urgence d’une refondation.
La déception d’Hypérion fut à la hauteur de son appétit. Dans les cris des batailles l’officier Hypérion ne connut que les anciennes barbaries et mourut Diotima l’ange pourpre dont les paroles en volutes de phosphore incandescent brûleront à jamais.
Alors du Levant, Hypérion (Hölderlin) se transporta en Hesperia, terre d’Europe occidentale, autre bout du monde, en Allemagne, et que pensez-vous qu’il trouva ? Une Société amoureuse d’elle-même, entièrement accaparée par le travail, occupée au calcul, à la thésaurisation, une civilisation du consensus marchand, un capharnaüm peuplé de chiens serviles. Mais progressant dans son initiation, poète de l’immanence, Hypérion demeura au Couchant et offrit son âme aux forêts.
Roman de 1797, puissante prémonition de la vie de l’auteur sous le masque d’Hypérion, Hölderlin perdit lui aussi sa Diotima quelques années plus tard, ne s’en releva pas et choisit dès 1806 de finir sa vie isolé en haut d’une tour, comme Hypérion le regard incliné sur le cycle des saisons, à peine griffonnant quelques poèmes, pendant plus de trente ans.
Si vous ajoutez à ses passions immaculées du vrai, un amour insatiable de la Nature, qui avait pris la puissance d’une adoration morbide, authentique infirmité sa vie durant, une délicatesse exquise de sens que la moindre fausse note faisait saigner, une finesse du regard que tout, excepté l’exacte proportion d’un arbre, d’une fleur ou d’une comète, révoltait, vous ne serez pas surpris que pour un homme pareil la vie commune soit devenue un calvaire, et qu’il ait fini zinzin ; et vous admirerez qu’il ait pu durer aussi longtemps seul dans sa tour :
http://img.over-blog-kiwi.com/0/93/15/21/20140802/ob_aab1df_tour-de-tubingen.jpg
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Créée
le 30 mars 2019
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le 12 juin 2021
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