Avec L’heure des prédateurs, Giuliano da Empoli promettait un essai percutant sur les nouveaux maîtres du monde. Si j’ai apprécié une vulgarisation accessible et un éclairage glaçant sur le rapport entre attaque et défense, j’ai aussi été agacée par une seconde partie superficielle et des jugements sans fondement. Vous êtes curieux ? Alors, lisez la suite.


Les prédateurs


Ils ont pour nom, Donald Trump, Elon Musk, Mohammed Ben Salman ou encore Nayib Kubele. Giuliano da Empoli raconte des anecdotes dont il s’était largement fait écho ici ou là. Force brute d’un côté, sidération de l’autre et incapacité des avocats, ces empêcheurs de forcer en rond, à faire respecter les procédures. Rien de bien nouveau, finalement. Il suffit de suivre les actualités pour comprendre que ces dirigeants n’ont rien de bienveillant. Et que Donald Trump ne soit pas un intellectuel, je l’avais déjà compris (Philippe Claudel a aussi bien enfoncé le clou dans Wanted).


La conclusion de l’auteur : après quatre-vingts ans d’une période exceptionnelle, nous retournons dans une ère borgienne, au temps des rois et des dictateurs sanguinaires. Peut-être a-t-il raison, peut-être pas.


Tout de même, j’ai appris une chose intéressante dans ce livre. Nous vivons dans un monde où l’attaque coûte moins cher que la défense, malheureusement, il ne cite pas ses sources. J’ai cependant trouvé un exemple de cette situation concernant le conflit Israël — Iran. Néanmoins, il s’agit d’une excellente vulgarisation qui fait froid dans le dos. On dirait que les fameux « bruits de botte » se rapprochent.


Mais si j’ai apprécié la première partie, il n’en a pas été de même pour la deuxième.


L’intelligence artificielle


Il y a une chose insupportable dans cette deuxième partie, les arguments sont remplacés par des qualificatifs. Ainsi, les deux fondateurs de Google sont traités de sociopathe (quelle source ?) et tous les brillants ingénieurs de la tech d’Asperger. En premier, l’usage de ces termes démontre un manque flagrant de raisonnements. De plus, employer le mot « Asperger » comme une étiquette négative ou une insulte contribue à renforcer les stéréotypes, et c’est scandaleux.


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Créée

le 1 juil. 2025

Critique lue 105 fois

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