Plassans, dans le Sud de la France. Petite ville de province de dix milles âmes, berceau des Rougon-Macquart, dont Aix-en-Provence servi de modèle.
Zola débute par l’histoire des fondateurs dynastiques de la saga, revient loin en arrière jusqu’au soir du XVIIIe siècle. L’auteur évoque le mariage d’Adélaïde Fouque avec Rougon (dont Pierre naquit), puis une fois veuve sa liaison avec le braconnier Macquart (engendrant Ursule puis Antoine), sa folie de femme dépravée s’affichant ouvertement avec son amant hors du sacrement divin. Les vains efforts de Pierre Rougon (seul fils légitime) et de Félicité son épouse pour faire fortune dans le commerce de l’olive. Zola présente ensuite au lecteur la troisième génération avec les trois fils du couple : Eugène qui attend son heure et qu’on n’appelle pas encore Excellence, Aristide l’arriviste qui n’a pas encore mis sur pied la Banque Universelle, qui ne se fait pas encore appeler Saccard mais qui retourne déjà sa veste selon la direction du vent, Pascal le scientifique qui ne se passionne que pour ses études et sa profession de médecin.
On retrouve des personnages âpres au gain chers à Zola. Des opportunistes de la pire espèce qui ne s’embarrassent pas de scrupules pour parvenir à leurs fins. D’intrigues en trahisons, le lecteur assiste au coup d’état du 2 décembre 1851 (à la date anniversaire de 1802) et aux dramatiques évènements qui en ont directement découlés : soulèvement de la Provence, armée d’insurgés bien décidés à en découdre pour rétablir leur chère République. Soldats, violente répression, bataille, massacres et règlements de compte. Et mesquineries, vilénies des Rougon qui à l’instar du Second Empire se construisirent dans le sang des leurs.
Livre fondateur de la série dans lequel on retrouve de nombreux personnages que le lecteur que je suis a déjà croisé dans les tomes suivants : Adélaïde Fouque, la première de la dynastie, Pierre Rougon qui donne naissance aux branches des Rougon et des Rougon-Saccard, Ursule et Antoine Macquart qui vont initier les Macquart, Mouret, et Lantier.
Un livre essentiel pour bien comprendre la suite de cette magistrale saga. Le livre introductif qui pose les personnages et décrit les liens les unissant. Il n’est certes pas indispensable de lire ce premier tome pour apprécier les suivants, mais la Fortune des Rougon donne au lecteur une vision d’ensemble qui améliore la compréhension des livres suivants et en augmente encore l’intérêt. Et donne l’envie de tous les relire dans l’ordre.
Une révélation !
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le 14 janv. 2013

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