Bouleversante immersion
L’on pénètre dans ce livre comme dans la maison vide dont il porte le nom : sur la pointe des pieds, frissonnant à chaque écho, comme si le plus léger souffle, dans l’air saturé de poussière,...
Par
le 2 oct. 2025
7 j'aime
2
Une maison. Vide. Et pourtant saturée — d’absence, de cris rentrés, de gestes suspendus. Mauvignier y installe le silence comme d’autres un personnage. Rien ne bouge, mais tout s’effondre. L’espace devient piège, réceptacle d’une mémoire trop lourde. Ce n’est pas un décor : c’est une peau. Une maison qui pense, qui retient, qui ronge. Les phrases s’allongent comme des respirations blessées. Elles ne racontent pas, elles cherchent. Le roman ne déroule pas une intrigue — il ouvre un gouffre. Chaque mot tremble sous le poids de ce qu’il ne dit pas. Comme chez Duras, le vide parle. Comme chez Beckett, l’attente devient substance. Le lecteur avance dans un clair-obscur où la douleur se dissimule derrière la syntaxe. Mauvignier n’explique rien : il suggère, il effleure. Sa langue, nerveuse, hésitante, haletante, épouse la mécanique du souvenir. Ce n’est pas une lecture confortable. C’est un vertige. Une expérience d’écoute intérieure. La maison vide, c’est le corps déserté, la mémoire qui se fracture, l’intime qui se désagrège sous le regard d’autrui. On y retrouve l’écho de ses livres précédents — Des hommes, Histoires de la nuit — cette obsession pour la communauté silencieuse des êtres qui portent le poids du monde sans un mot. Mais ici, le geste s’épure. Plus rien ne protège. Tout est nu. Chaque chapitre semble gravé dans le plâtre humide des murs, comme un aveu effacé. Et quand la dernière page se referme, il reste ce bourdonnement sourd : la langue de Mauvignier, obstinée, obstétrique presque, qui accouche du réel par la douleur. On quitte la maison vide, mais elle continue de nous habiter. Note : 14 / 20
https://www.youtube.com/playlist?list=PL20YyCbDV6ECMvmhSuCu8WtMbVtItUgMD
Créée
le 21 oct. 2025
Critique lue 90 fois
3 j'aime
2 commentaires
L’on pénètre dans ce livre comme dans la maison vide dont il porte le nom : sur la pointe des pieds, frissonnant à chaque écho, comme si le plus léger souffle, dans l’air saturé de poussière,...
Par
le 2 oct. 2025
7 j'aime
2
Une maison. Vide. Et pourtant saturée — d’absence, de cris rentrés, de gestes suspendus. Mauvignier y installe le silence comme d’autres un personnage. Rien ne bouge, mais tout s’effondre. L’espace...
Par
le 21 oct. 2025
3 j'aime
2
Cette maison vide désertée au cœur de la Touraine, Laurent Mauvignier va la ranimer en maison de vies, dans ce livre profond d’une rare densité, sans cesse sur les sommets ; une leçon virtuose...
Par
il y a 7 jours
2 j'aime
_____Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes: https://youtu.be/sSVYyyi2ZPU👉 Et s'abonner à cette chaîne Youtube où je publie régulièrement ces articles, pour n'en rater aucun ! ...
Par
le 17 mars 2025
20 j'aime
4
🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/QN6Wh3krGas? Et s'abonner à cette chaîne Youtube où je publie régulièrement ces articles, pour n'en rater aucun !🔴Cléopâtre,...
Par
le 18 avr. 2025
15 j'aime
1
🔴 Me retrouver sur https://www.youtube.com/channel/UCwnp9KZCW3j6S_JEko5hxSg On voudrait y croire, à cette symphonie des âmes blessées. On voudrait que Deux pianos résonne comme une grande fugue sur...
Par
le 15 oct. 2025
14 j'aime