« Un pour incarner le pouvoir, l’autre pour le convoiter »

Après que la voie de la destruction ait été très bien empruntée par Dark Bane, désormais seul seigneur Sith à notre connaissance dans toute la galaxie, il est temps de voir s’appliquer la règle des deux avec l’enseignement du Côté Obscur comme il le conçoit à sa nouvelle apprentie fraîchement débarquée lors de l’épilogue du premier tome. Un passage qui pourrait facilement être raté en répétant une étape d’apprentissage au sein de cette trilogie devenue alors redondante et avec de nouveaux personnages centraux qui ont encore toutes leurs preuves à faire pour rivaliser avec leurs anciens.


Le premier tiers est un peu long mais absolument nécessaire pour justement développer les nouveaux personnages importants du récit, puisque ceux du tome précédent y sont presque tous passés au champ d’honneur, ou pas d’ailleurs mais ils sont exclus de cette intrigue en tout cas. Bane est de plus étonnamment mis en retrait au profit du jeune Jedi Johun et de la jeune Sith Zannah, évoluant séparément mais devant tout deux bousculer leur perspective pour s’accomplir individuellement auprès de leur maître respectif et le parallèle entre les deux est assez intéressant même si c’est clairement Zannah qui aura retenu le plus mon intention.


J’ai adoré le départ de Zannah enfant pour Onderon qui est tout simplement magnifique de brutalité et de cohérence dans son développement pourtant si succinct. Une force de caractère, une intelligence et un mystère caractérisent cette « protagoniste » au point qu’elle m’a vite rassuré sur les choix de l’auteur que j’avais un peu remis en question sur la fin du tome 1, éjectant Githany du récit au profit de cette jeune Zannah devant devenir cette Sith surpuissante en devenir. Si ce n’est que le début de ses aventures, elles sont des plus prometteuses en ces quelques dizaines de pages, partagées pourtant avec d’autres persos, joli coup !


De plus, de nouveaux éléments vont enrichir l’univers de la Force dans ce récit avec l’idée des orbalisks, parasites affaiblissant et torturant un adepte du côté obscur en permanence pour lui octroyer en contrepartie une protection extrême en tout temps et une puissance insoupçonnée de courts laps de temps de fureur. Ça permet de mettre à deux extrêmes différents les styles de combat des 2 Siths au centre de l’intrigue et d’appuyer le propos selon lequel la toute-puissance a forcément un prix, ce qui est très plaisant et parfaitement approprié au développement du récit.


Le développement est aussi vrai pour notre connaissance des pouvoirs du côté obscur qui se fait également avec la sorcellerie Sith faisant son apparition de façon très surprenante et très intelligente. Les premières manifestations de ces talents se font à un moment parfaitement inattendu pour être assez jouissif et elles sont ensuite utilisées de façon plus élaborée pour complexifier l’intrigue très pertinemment et se mêler à la principale caractéristique de ce récit, dont je n’ai pas tant parler pour le moment mais qui sonnait comme une évidence si l’on se fiait aux propos de Bane dans la voie de la destruction.


L’accent est mis sur la manipulation d’autrui comme arme ultime de ces nouveaux Siths, devant accroître leur puissance, gagner en influence, mais surtout en y parvenant sans que l’on ne décèle leur existence. Ces talents de sorcellerie s’y prêteront parfaitement au moment approprié et c’est vraiment très bien vu tant tout ce qui est apporté par ce récit trouve finalement une justification inattendue plus tard au sein de ce même récit même quand ça pouvait paraître anodin. Une multitude d’événements scénaristiques mineurs de ce tome, mais aussi du précédent, prennent sens en se croisant et en amenant le suspens à plusieurs reprises.


Ça fera prendre au roman des allures de thriller avec l’étau se resserrant sur les risques que toute la vérité éclate et mette à mal des années de secret sur lesquelles tout repose, en masquant certaines intentions, en introduisant des surprises imprévisibles… Cette partie-là, à laquelle je ne m’attendais pas, est très bien maîtrisée à mon sens et j’ai ressenti ce mélange d’impatience et d’appréhension à l’idée de tourner la page où je découvrirai que la vérité éclaterait au grand jour ou serait de nouveau plongé dans l’ombre à cause du petit détail qui fera la différence.


Je pense que c’est aussi dû au fait que les personnages fassent des erreurs par moment, tous autant qu’ils sont, mêmes les plus fins manipulateurs, ça rend leur mise en danger plausible, d’un côté comme de l’autre. Bane peut se laisser emporté par la rage, Johun peut être un peu plus courageux que ses capacités le permettent raisonnablement, Zannah peut manquer de prudence sur des sorts Siths qu’elle ne maîtrise pas totalement, Farfalla peut être trop sûr de ses certitudes comme de ses compétences… et tout est parfaitement justifié par ce que le récit nous raconte d’eux, même pour les moins développés.


Et si l’aspect psychologique des personnages, les éléments enrichissant la Force ou les moments de thriller prédominent, il y a aussi une scène d’action et quelle scène d’action ! Le combat au sabre laser mettant en scène pas moins de 7 opposants simultanément est brillamment narré en changeant régulièrement de perspective sans nuire une seconde à la lisibilité du combat, même en la transcendant. C’est un exercice d’écriture magnifiquement réalisé ici, toute la cohérence des personnalités, forces et faiblesses des combattants est tout simplement remarquable.


Le final revient à ce que j’avais préféré dans le premier tiers, la force de caractère, l’intelligence et le mystère de Zannah sont à leur paroxysme et j’ai adoré comment s’est amené :


Tout comme lorsqu’elle avait 10 ans, elle a son destin en main : on lui offre différents choix tout tracés et raisonnables, elle fait le sien en faisant preuve de la plus grande brutalité et de la plus grande malice possible, malgré une puissance encore limitée face à ses adversaires. J’apprécie énormément le suspens quant à ses motivations dont on peut douter par moment avant qu’elle nous les prouve de la plus évidente des manières et qu’elle s’en soit servi comme d’une arme, insinuant elle-même ce doute chez les autres pour mieux les manipuler.


J’apprécie beaucoup l’arrivée des Jedis découvrant la mise en scène pour que l’on comprenne tout comme on le doit et qu’on trouve le raisonnement erroné parfaitement cohérent. J’apprécie beaucoup le retrait de Bane qui peut être ainsi fier de son apprentie et voir en elle une succession assurée de sa philosophie qu’il a su lui transmettre. Elle l’a affaibli pour augmenter ses chances de le défaire, l’a gardé en tant que maître pour que son savoir ne soit pas perdu, a maintenu leur existence secrète là où la solution paraissait impossible, elle a fait preuve d’une cruauté infinie envers peut-être une des seules personnes pour lesquelles elle pouvait ressentir de l’affection… elle est devenue Sith.



Je suivrai vos enseignements.
J'apprendrai votre sagesse.
Je découvrirai vos secrets.
Je m'ammoprierai votre puissance.
Et je vous détruirai.



La règle des Deux est en place et Zannah réussit magistralement son entrée dans la trilogie, balayant mes craintes à son sujet, grâce à des nouveaux éléments de scénario intelligemment utilisés, à un aspect thriller inattendu bien maîtrisé, à une action superbement décrite et cohérente scénaristiquement… Zannah a le tapis rouge pour s’imposer comme une prétendante de choix pour la Dynastie du Mal.

damon8671
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le 8 juin 2019

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