Marche ou crève était, déjà sur le papier et vu le pitch, un Stephen King / Richard Bachman que j’allais adorer.
Comme quoi. Même quand on attend beaucoup d’une œuvre, on peut se prendre une claque.
C’est peut-être l’un des romans de l’auteur les plus aboutis dans l’horreur, alors qu’il est n’est pas du tout du genre horrifique et encore moins pourvu d’éléments surnaturels. C’est aussi un redoutable page turner, non pas parce que chaque chapitre se termine sur un cliffhanger insoutenable, mais l’empathie pour les marcheurs est si bien travaillée et le récit tellement hypnotique qu’on ne peut plus lâcher le livre. King avait déjà signé un roman coup de poing (très déstabilisant) sous son pseudonyme avec Rage, il confirme son style à part lorsqu’il signe Bachman. J’imagine l’engouement à l’époque lorsqu’on pouvait encore croire qu’un auteur venait d’enchaîner Rage et Marche ou Crève comme premiers livres ! Et quand on sait que l’écrivain l’avait en réalité écrit dès la fin des années 60 durant ses très jeunes années…
Quelle que soit votre interprétation ou que vous n’en ayez pas, que vous soyez simplement pris dans le récit, Marche ou crève prend aux tripes. Pour ma part, lorsque l’image du sacrifice de la jeunesse pour la guerre s’est (très vite) imposée à la lecture, je ne pouvais plus m’arrêter… Ce sacrifice y est subtilement décrit par les dialogues comme par la narration. Il est, pour les personnages, conscient. Inconscient. Voulu. Subi. Motivé par des rêves et des promesses. Découragé par la désillusion. Parfois teinté de rébellion - vouée à l’échec. Peut-être, au fond, jamais vraiment compris.
La fin ouverte, ou du moins à libre interprétation, en déstabilisera certains. Elle est de mon point de vue un parfait et logique aboutissement de cette descente aux enfers qu’est le récit. Et puis, dans tous les cas, vous ne regretterez pas le voyage. Contrairement aux marcheurs…