Je ne remercierai jamais assez la personne qui m'a conseillé ces quelques bouquins, dont celui-ci. De fait, je ne la remercierai pas, mais c'est la vie et c'est quand même bien dommage.


Car des livres que j'ai pu lire, des livres que nous lisons, il y en a certains qui nous marquent durablement. Telle une main ardente posée sur mon cerveau polystyrène, je crois bien être devenu esclave de l'immense enthousiasme intellectuel que m'a procuré ce livre pour toute une vie.


Alors, bon, c'est un peu difficile à résumer ce bouquin. Disons qu'il s'inscrit dans des cours donnés ayant pour but de faire une histoire des systèmes de pensées.


En l'occurrence, Foucault entreprend ici de faire une analyse de ce qu'il nomme la gouvernementalité libérale telle qu'elle s'est pensée au XVIIIè s. pour suivre ses mutations, sa polymorphie jusqu'au néolibéralisme, allemand d'une part, puis américain d'autre part, en passant par les resucées entreprises par VGE et, extensivement, par toute la clique qui se trouve au pouvoir depuis les années 70 en France.


C'est très grossier comme résumé, car évidemment ça ne s'arrête pas à une simple histoire de ce système de pensée. C'est une analyse, mieux, une dissection du libéralisme et surtout du néolibéralisme.


En quoi c'est enthousiasmant ? En ceci que cela permet de retracer la genèse de ce qui s'avère être un motif de combat. Combat contre la nature intrinsèquement inique d'un système qui s'est pensé comme tel, combat contre un système qui revêt les habits de l'efficience, de l'efficacité (moins ça fait plus, laissez faire et tout se fera), un système qui a remplacé peu à peu, jusque dans les moindres interstices de nos vies, de la société, du monde dans lequel nous vivons, - la communauté par l'atome, le partage par la concurrence, l'agora par le marché.


Car c'est bien ça l'idée du néolibéralisme : régir tout, que ce soit l'économique ou le non économique, par la logique inhérente au marché libre afin de sauver le capitalisme de ses propres contradictions. Faire de tout et de tous des agents dans ce marché ou, plutôt, des petites entreprises seulement guidées par leur intérêts égoïstes au dépend des autres soit disant parce que satisfaire (aveuglément, sans le savoir disent certains, lol) son propre intérêt, c'est également œuvrer au bien de la société dans son ensemble.


Alors, on peut bien se poser une question, quel est le corollaire de tout ça ? Eh bien on pourrait dire que pour qu'une société guidée par la logique du marché puisse suivre sans que les "agents" ne se rebiffent, il faut que l'état, ou ^plutôt les gens de l'état, acquis depuis bien longtemps à la cause des néolibéraux, bon élèves, excellents même des leçons données par Hayek, Von Mises et d'autres fdp de ce genre, puissent tenir en laisse les agents.


Car il faut bien se dire, et c'est trivial, que ça crée disons quelques troubles une société régie par la logique de marché et de concurrence. Et que parfois, lorsque les petites entreprises que nous sommes périclitent, eh bien il y a un autre truc qu'on appelle, je sais pas, l'humanité ? L'énergie spirituelle ? La vitalité ? qui explose nos pores et sort de nos corps pour s'échapper de rage et de poing, de cris pour refuser. Refuser. Juste refuser d'être dans le jeu, ne plus être joueur, ne plus vouloir ou ne plus pouvoir jouer. Dire non au jeu dont les règles ont été pensées par d'autres. Donc Le corollaire de tout ça, dans cet immense jeu avec ses règles, ben ce sont les arbitres.


Les arbitres avec les gourdins, les LBD, les grenades, la panoplie parfaite de l'état autoritaire et fascisant, avec ses nervis tortues ninja et ses pleureuses de poulets qui chialent le désamour du peuple tout en le massacrant, les médias tenants béats et parfois béatifiés de la propagande néolibérale, sens unique, voie et voix uniques, école qui forme des agents pour rentrer sur le marché etc etc.


En bref, le corollaire de tout ça, c'est la répression et la standardisation des esprits.


Make France great Again !

batche
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le 10 mai 2019

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