Il y a déjà quatre ans, je parlais du premier ouvrage de Jason Schreier en vantant sa plume et l'intérêt des histoires contées pour le lecteur ou la lectrice intéressé.e par les coulisses du développement de jeux vidéo.
Mais je relevais également le petit défaut de ne parler (quasiment) que de projets à succès, ce qui à mon humble avis n'est qu'une seule face de cet univers (et pas forcément la plus représentative).
Il faut croire que le célébre journaliste de Bloomberg m'a entendu, car ce second opus se consacre justement sur les échecs de l'industrie (Américaine).
L'illustration de couverture est assez parlante : le récit se centre sur ces gens ayant connu des licenciements à répétition et des entreprises fermées abruptement, parfois même après un succès (pour couper les coûts de fonctionnement et faire plaisir aux actionnaires).
Bref la "misère humaine" derrière le développement de jeux vidéo à succès. Je mets bien entendu des guillemets parce qu'il y a pire comme situation ; mais le sort de certaines figures évoquées fait vraiment de la peine, certains des témoignages transpirent le désespoir. Et le fait que l'essentiel du livre parle des Etats-Unis, où perdre votre emploi signifie souvent perdre votre mutuelle santé et/ou vos économies, amplifie probablement la dimension dramatique.
Je pense que ça n'aurait pas fait de mal d'avoir quelques histoires comparables en Europe, au Japon et même carrément dans des pays en développement, où la débrouille et les déboires sont d'un tout autre niveau.
Bref ! Ca reste un bouquin qui se lit tout seul, Schreier maîtrise son sujet et sait expliquer quelques principes en quelques phrases de façon à ne jamais perdre le lecteur. Un excellent complément à Blood, Sweat and Pixels. Formant quasiment un dyptique je dirais même.