J'attendais beaucoup (étrangement ?) de ce petit essai. Dommage que la question soit si vite traitée... Pour moi Murat n'a pas fait le tour du sujet même si elle présente des arguments et des principes évidemment pertinents, bien plus pertinents que ce qu'on pourrait entendre dans la vie de tous les jours. Toutefois, ces arguments ou principes me semblent assez basiques, non ? Le fait que la contextualisation, notamment dans les préfaces, est nécessaire si elle est dialectique ? L'idée que le remaniement des best-sellers profitent toujours aux mêmes ? De plus, j'aurais aimé voir plus tôt que dans la "conclusion très provisoire" aborder cette question et ce qui l'entoure : si l'œuvre, comme le disait Valéry, n'est plus à l'auteur une fois diffusée, transmise, pourquoi seul l'auteur aurait le droit de modifier son texte ? Je pense que la question (qui n'est pas exactement abordée de la même façon et en ces termes) aurait pu être pertinente dans le développement, bien que j'ai quelques certitudes personnelles liées à cette question.
Depuis la révolution romantique, l'œuvre d'art, en se libérant des contraintes morales, religieuses et idéologiques, a gagné un statut d'autonomie, qui est le marqueur même de la modernité, au point de le rendre intouchable. Ce statut serait-il en train de vaciller ? Car les assauts sont nombreux pour remettre en question ce qui fait la spécificité de l'artiste et de sa liberté d'expression. Parallèlement des affaires récentes (Ruggia Matzneff, Jacquot, Doillon, etc.) ont montré à quel point ce statut de toute-puissance avait servi d'alibi pour couvrir des pratiques précriminelles.
Malgré tout, j'ai beaucoup aimé l'idée que remplacer des mots chargés de discrimination en tous genres n'en rend pas moins l'objet d'étude discriminant dans son essence même (coucou Christie!!!), mais aussi la conclusion qui invite à la réinvention, au dépassement, c'est-à-dire à la réécriture créative et autonome plutôt qu'au remaniement capitaliste qui profite toujours aux puissants et qui met "la poussière sous le tapis" en privant, notamment les minorités, d'un droit et d'un devoir de savoir, même lorsque celui-ci s'avère douloureux.