Je connais plus Dumont en cinéaste exigent,âpre et sans concessions.Je retrouve ce pedigree mais avec plus de fantaisies et de tendresse pour ses personnages dans cette mini-série. Voir Coin-Coin et les Z’inhumains,c’est passer le premier niveau de lecture des gens du Nord et de leur accent fleuri et ne pas se concentrer sur du purement visuel et sensoriel.Ainsi le comique et l’extravagance de certains personnages ne sont pas l’unique chose à voir.L’intrigue autour de ces mystérieux êtres « pas humains »,est une animation permettant au spectateur de suivre un fil conducteur mais l’important se trouve à des croisées de chemins. Parmi ce couple de jeunes femmes qui détonne en pleine campagne,ces migrants à la marge de la communauté par exemple.Dumont confirme son exploration du sens des images tout en bricolant et en patinant son univers avec malice et gravité.Un entre-deux où le réalisateur poursuit sa vision du jeu avec des acteurs amateurs,donc forcément plus naturels à l’écran.Les deux premiers épisodes prometteurs laissent entrevoir aux spectateurs un éventail de possibilités dramatiques tout en suggérant de ne pas tout prendre comme argent comptant.Chez Dumont,sens et substance doivent fusionner pour un résultat probant. Le final où la communauté,les migrants et les Z’inhumains se retrouvent dans une farandole de concorde apparente a l’air d’avoir l’intention de montrer que de l’absurde un bon sens commun jaillit.Chacun semble oublier sa position sociale,son rôle dans la dramaturgie.Dumont suggère en passant que la notion d’humanité peut se raviver quand les identités contradictoires et opposables s’oublient d’elles-mêmes.Osé car improbable car dépassant la raison pure des fondements de nos civilisations.