2120. Toute la Terre est occupée par l'ultra-capitalisme. Toute ? Oui. Et la vie n'est pas toujours facile pour 99,99% de la population. Surtout quand deux des corporations qui dirigent le monde se disputent des bestioles monstrueuses ramenées d'outre-espace. Et juste avant le lancement des androïdes dernier cri avec la conscience d'enfants cancéreux dans les circuits, garantis sans révolte contre leurs créateurs mégalos. C'est vraiment pas de veine.
Notre cafard cosmique préféré fait donc ses débuts sur le petit écran (de votre PC, probablement). Avec à la tête du projet Noah Hawley, notamment connu pour les séries Fargo et Legion. Il apporte avec lui son style particulier, ce qui inclue des thématiques de mythes ou contes de fées (ici, Peter Pan), des persos qui partent dans des laïus abscons, tout plein d'archétypes intéressants, et un aspect rétro assumé. Cela va particulièrement servir ici, puisque la série se veut un préquel du premier film avant tout, reprenant donc l'aspect technologique vieillot et les effets visuels fauchés mais efficaces du premier opus.
Mais ce retour aux sources n'est pas qu'esthétique. Hawley reprend l'un des deux piliers, le capitalisme inhumain. Central dans le premier film, Cameron l'avait un peu abordé, mais cet aspect c'était par la suite érodé, au profit de variations d'aliens toujours plus immondes. Là, on va carrément aborder des thèmes typiquement réservé au cyberpunk. Un cyborg est il un humain, peut on reproduire la conscience artificiellement, est-il bien raisonnable de donner le pouvoir législatif à Elon Musk, ce genre de chose. Un parallèle assez malin est d'ailleurs dressé entre les androïdes et nos saloperies biomécaniques favorites. Pour l'occasion, on va même insister sur l'aspect Yutani de Weyland-Yutani, pour honorer la fascination asiatique du genre. En cela, les inspirations sont plus proches d'un Ghost in The Shell ou d'un Blade Runner que d'un classique film de monstres.
Un autre aspect qui honore la tradition des films Alien, c'est, de façon moins heureuse, la profonde stupidité des protagonistes. Ils sont à peu près tous cons comme des pioches, à croire qu'ils n'ont pas de plus grand désir que de servir d'incubateur à Blatte Dégueulasse Sado-Maso. Chacun ses kinks, me direz vous, mais les ficelles sont parfois un peu grosses. Après, on est là dans les clichés anoblis par le genre : pas de caméras, une sécurité triée sur le volet au point d'être réduite à une trentaine de personnes, une phobie sociale poussant tout le monde à se séparer sans arrêt. Il y a indéniablement des facilités d'écritures, mais à part si votre but dans la vie est de vous sentir misérablement triomphant dans la pédanterie, ça ne gênera guère le visionnage.
Parce que tout est bien joué, tout s'enchaîne bien, les personnages sont intéressants, les différentes créatures rapportées d'outre espace sont répugnantes comme il faut. On a exactement ce que promet le titre, des aliens sur la terre suggérée par le reste de la franchise. Et dans une corpocratie visqueuse où la vie de simples grouillots vaut moins que des spécimens d'aberrations psychotiques, c'est à qui facehuggera le premier.