Je ne parle pas souvent série car je n'en regarde pas beaucoup.
Si je ne suis pas un grand fan de ce médium c’est précisément car c'est là où le scénario prédomine.
Et souvent, trop souvent, il faut qu'il y ait un climax afin de donner envie de regarder la suite.
Là est pour moi une grande partie de ma porosité au média, je pense que l'artifice est trop gros pour moi.
Les mini-séries semblent plus adaptées aux cas comme le mien. Plus condensé, plus efficace, plus proche de ce que je connais et apprécie, le format film.
Encore faut-il que la série ait quelque chose à dire et qu'elle le fasse bien.
Je conçois qu’adapter un univers aussi connu, mis en image et en son à de nombreuses reprises, n’est pas chose aisée. J’admet que certaines facilités naissent de ce que justement les spectateurs sont familiers des personnages, des histoires et du contexte. Cependant, il apparaît évident de questionner les choix d’adaptation d’un album, en l'occurrence Le Combat des chefs,sorti en 1966, au format sériel. Et la série sort en 2025 quand même, plus de 50 ans après.
Je ne vais pas tourner autour de la marmite, Astérix et Obélix le combat des chefs souffre de problèmes scénaristiques prédominants malgré son format. Au regard de cette série, on peut légitimement se demander si Astérix a encore quelque chose à nous dire de notre époque, comme il a si bien réussi à le faire par le passé.
Pourquoi ? Et bien allons-y.
Les facilités, on tombe dedans en permanence. Le cas le plus parlant, l'épisode 4 et sa superbe pirouette. Le fait est qu'il faut occuper Astérix pendant que son ami doit aller combattre sur le ring, car sinon, il ne pourra se retrouver seul. Certes, Asterix se fâche avec son meilleur ami et désormais chef mais pourquoi, par tous les suffixe en -ix possible, le faire chercher les deux zinzitos dans un labyrinthe ? C'est gros quand même, non ?
Au passage, si c'est pour expliciter encore plus la charge mentale d'Astérix qui doit s'occuper de tout le village, il était possible de le faire de manière moins catapulté. En parlant de catapulté, l’épisode 5. On en vient à sérieusement douter des compétences de l’armée romaine quand apparaît la hutte du druide, encore intacte alors que le montage insiste sur la gravité et l'ampleur des destructions dans le village. Là encore, on trouve une explication dans l'écriture, Panoramix doit pouvoir faire sa potion alors on épargne sa maison. Enfin, et même si j’aurai pu continuer à creuser ce sillon, il convient de parler de la différence fondamentale entre le scénario de l'œuvre originelle et la série de Chabat : le combat des chefs. Initialement, on a droit à un véritable combat de chefs, contraignant les gaulois à repousser leurs limites, mettant en avant Abraracourcix en tant que chef du village avec toutes les responsabilités que cela implique, bref, un combat des chefs dans ce qu’il a de plus dangereux pour des irréductibles privés de potions magiques. Ici, rien de tout cela puisque la loi gauloise prévoit une entourloupe et la possibilité de de changer de chef jusqu’au dernier moment. Les thématiques abordées sont très différentes et, à mon sens, beaucoup moins intéressantes. Le retournement de situation apparaît forcé et peu justifié dans un scénario qui n’a, de toute manière, pas vraiment de consistance.
Autre problème qui m’a fait grincer des molaires, le découpage des épisodes. Le premier peine à amorcer l’intrigue en faisant des flashbacks le centre de l’attention. Un ajout de personnage inutile, de temps d’image tout aussi vain pour retarder l’échéance et raconter une histoire déjà poussive. Ce lancement arrivera, rassurez-vous, à la fin du deuxième épisode, qui reprend le point de départ du coup du menhir, preuve d’un manque d’originalité flagrant vu ce qui va en être fait. On notera que le troisième épisode dans sa quasi-totalité ne fait pas avancer l'intrigue, à l'exception du rapport entre les héros éponymes. Apothica ne sera donc qu'un prétexte, au même titre qu’Amnésix dans l'œuvre d'origine. Mais l’album en question est une unité, pas un épisode d’une série. Et ça, bah ça fait complètement la différence. L’engagement émotionnel, les enjeux du récit, le rythme de l’ensemble, tout est différent lorsqu’on découpe. Qu'une mini-série de cinq épisodes se permette une digression où l’action stagne me paraît un pari raté, a fortiori quand c’est fait sous cette forme humoristique.
Sans transition aucune, là encore, pour une série comique, c'est un peu court, jeune gaulois.
Une référence, en l’état, ça ne fait pas un gag réussi. Ce n'est pas suffisant. Il faut un contexte, un savoir faire dans le tempo comique pour que le tout fonctionne. D’ailleurs, à la réflexion je me demande si je ne reverrai pas à la baisse le Mission Cléopâtre de Chabbat avec mon regard et mon sens critix actuel. Je passe sur les références dans les noms car elles font partie intégrante de l'ADN d'Astérix même si l'humour de l'œuvre de Goscinny et Uderzo ne repose pas uniquement là dessus. Plus encore, ce sont celles qui se suffisent à elles même, placées dans un autre contexte, qui sont lassantes à la longue. Et ce ne serait pas aussi problématique si les références étaient inspirées et si elles pouvaient s’insérer naturellement dans la narration. Comprenez que l'implication que j'ai dans une série qui passe son temps à me faire des clins d'œil appuyés s'en trouve considérablement amoindrie.
Et en parlant d’émotion tuée dans l'œuf, venons-en aux voix. Le constat est en demie-teinte. Nombreuses sont les prestations vocales qui manquent de relief, de vie et de dynamisme. Les choix de casting sont discutables et surtout, ce ne sont pas des comédiens de doublage. Il s’agit de création de voix, certes, mais le résultat est le même : j'entends quand même régulièrement des acteurs lire leur texte et non incarner un personnage. Ce manque d’engagement explique en partie la lenteur de l’ensemble, surtout quand il impacte le rythme de la comédie. Faire jouer les copains, c’est bien, le faire bien, c’est mieux.
Hélas, le verdict est cruel, dans Astérix et Obélix : le Combat des chefs, aucune tension, aucun suspens ne vient contrebalancer le rire qui se fait trop rare.
Je pense que le format sériel joue énormément dans ce constat. Les épisodes durent 25 minutes avec quasiment 10 minutes de générique à chaque fois. Pourquoi ne pas avoir choisi de réaliser un film d’animation ? Plus resserré, plus fluide, plus ambitieux même, qu’une série pataude en manque d’inspiration.
Alors, est-ce que notre valeureux gaulois, son village et l’envahisseur romain ont-ils des choses à dire aujourd’hui ? Je pense sincèrement qu’il est possible de raconter du neuf, du pertinent, drôle et prenant avec ces personnages. Pour cela, il faut se donner les moyens de la contradiction et sortir de la zone de confort dans laquelle les adaptations, souvent navrantes, d’Astérix, nous ont confortées.