En lançant Cane : La vendetta en 2007, CBS semblait vouloir frapper fort : une saga familiale aux accents mafieux, ancrée dans une culture cubano-américaine rarement explorée à la télévision américaine, portée par un Jimmy Smits en pleine maîtrise de son registre. L’intention était ambitieuse. Le résultat, lui, l’est beaucoup moins.
Le véritable problème de Cane réside dans son incapacité à choisir sa voie. La série flirte avec le soap opera, la tragédie familiale, le thriller mafieux, mais sans jamais assumer totalement aucun de ces genres. Les conflits familiaux sont survolés, les magouilles économiques manquent d’enjeu, et les rivalités fratricides peinent à générer la tension dramatique qu’un tel sujet exigeait. On devine les enjeux, mais on ne les ressent jamais pleinement.
Là où Cane aurait pu briller, c’est dans la richesse de ses personnages. Malheureusement, chacun reste prisonnier de son archétype : le patriarche impitoyable mais protecteur, les enfants divisés, les ennemis tapis dans l’ombre. Jimmy Smits tient son rôle avec le professionnalisme qu’on lui connaît, mais son personnage manque cruellement de zones d’ombre ou de contradictions véritablement travaillées. Les relations entre les membres de la famille, censées être le cœur battant de l’intrigue, manquent de complexité et d’intensité.
Sur le plan visuel et technique, la série reste propre, mais fade. La mise en scène est fonctionnelle, sans audace esthétique ni moments de cinéma marquants. Même la bande sonore, qui aurait pu insuffler de la chaleur et de la tension latine, reste d’une discrétion presque frustrante.
Avec Cane, on a moins affaire à une série ratée qu’à une série inaboutie. Le potentiel est évident, les ingrédients sont là, mais la recette reste plate, comme si les scénaristes avaient constamment freiné leur audace pour rester dans un cadre formaté, sans froisser ni passionner. Mon 5.5/10 reflète cette déception : Cane n’est ni indigne, ni enthousiasmante. C’est avant tout une occasion manquée.