Qui dit Netflix dit... Bien ou pas ?

J'ai découvert l'univers de Dragon's Dogma - complètement par hasard (je sens que cette phrase va devenir mon credo) - il y a huit ans très exactement ! En visionnant une vidéo du youtuber Joueur du Grenier et le coup de foudre... n'est pas venu. En effet, je n'étais pas encore un névrosé de Fantasy comme aujourd'hui, si ce n'est pour ce qui touchait l'univers de J.R.R. Tolkien. Néanmoins, la vidéo de JDG m'a tout de même fait mettre ce jeu vidéo dans ma liste de souhait Steam (il me faudra encore quelques années pour que je me décide à l'acheter et encore quelques années pour me décider à le commencer ; actuellement, je suis en train de rusher le jeu ; qui, pour le moment, est tout bonnement un pur délice ! A voir si la "hype" se maintient jusqu'au bout mais pour l'instant, c'est très bien parti). Bref, je joue ces temps-ci au jeu et le fait de découvrir une série animée sur Dragon's Dogma - ancré dans de la Dark Fantasy, le tout édité par Netflix m'a laissé... perplexe. Depuis les affaires concernant Le Prince des Dragons et Dark Crystal : Le Temps de la résistance (deux grosses séries qui ont su me charmer ; ce qui n'est pas le cas de Netflix...), je me suis détaché par dégoût de cette plateforme ; jusqu'au prochain coup de cœur, j'espère...
D'un côté, l'annonce de la série m'a enthousiasmé parce que, une fois de plus, jouant au jeu, j'ai trouvé l'univers plus qu'admirable et naturellement enclin à faire naître une adaptation. Mais de l'autre côté, le fait que ce soit Netflix qui s'occupe du boulot m'a fait très très peur ; force est de constater que, dans ce cas, ça m'a plutôt laissé indifférent : une bonne chose ? Écartant la peur du moindre spoil concernant la finalité du jeu - c'est bien une des choses qui me laisse , je me suis jeté dans le visionnage de cette série et voilà ce que j'en ai retenu.
P.S. : bien évidemment, je ne ferai pas de rapprochement avec le jeu vidéo. Premièrement, parce que je ne l'ai pas fini et deuxièmement, parce que les adaptations demeurent un sujet qui m'indiffère totalement.

Ethan vit avec sa femme enceinte et Louis, un orphelin qu'il considère comme son fils, dans le petit village côtier de Cassardis. La vie suit son cours et tout semble aller pour le mieux. Mais un dragon décide d'en faire des siennes, anéantissant purement et simplement le village, massacrant tous les habitants et volant le cœur d'Ethan. Devenu un Insurgé - personne ayant survécu au vol de cœur par un dragon - et rejoint par un Pion, Ethan se met à la recherche de ce dragon, animé par une dévorante vengeance.
Pas plus de spoil !

Avant de véritablement commencer, je vais juste souligner un point concernant l'adaptation (je sais, on appelle ça une prétérition) : Dragon's Dogma est un rpg à choix - jusque là, rien de neuf sous le soleil. C'est donc au joueur de faire évoluer l'intrigue par ses volontés et chaque joueur n'aura, bien évidemment, pas les mêmes envies, visions... Adapter un jeu de cet ampleur est donc chose complexe car on doit décide arbitrairement d'officialiser une seule voie alors que tellement plus nous sont proposées. Cela a dû énormément jouer dans l'appréciation des fans du jeu (en plus de tous les autres éléments jugés inacceptables vis-à-vis du matériel de base). Voilà, voilà... Tout ça pour ça.
On commence !

L'histoire, si l'on adopte une vision globale, n'est - sans grande surprise - guère originale : un homme qui se lance à la poursuite d'un dragon parce que ce dernier à détruit son village, c'est un peu l'essence même des œuvres de Fantasy. Fort heureusement, une vision plus rapprochée nous fait voir toutes les subtilités, quand bien même elles peuvent être décrites comme clichées. La durée de cette série n'est pas très impressionnantes : sept épisodes d'une vingtaine de minutes, autant dire que l'on n'est vite déçu sachant que tout semble rapide ! C'est fou mais je ne saurais dire si c'est parce que j'ai apprécié la série ou si c'est parce que l'intrigue est ficelée à l'arrache mais on ne profite pas tellement. A noter par ailleurs que ces sept épisodes sont comme indépendants entre eux : il y a bien un fil rouge mais chaque épisode semble entrecoupé par des ellipses plus ou moins longues.
Un format assez court donc qui suit, et c'est d'ailleurs le nom des différents épisodes, une progression autour des péchés capitaux ; chaque épisode analysant l'un des péchés. En soi, là encore, ce n'est guère original mais force est de constater que cela sert parfaitement l'intrigue de la série, en plus de l'univers. Car nous n'avons pas uniquement l'histoire d'une traque nourrie par une vengeance dévorante, mais nous avons une vision intéressante sur la nature humaine : une évolution d'un homme empli d'émotions et de sentiments qui finit par perdre toutes traces d'humanité en observant le monde qui l'entoure, aliénation mis en contraste avec une prise d'humanité d'un Pion (une "créature" d'apparence humaine servant de garde du corps aux Insurgés) face aux mêmes événements mais sous un angle différent. C'est ce croisement entre perte et gain qui est intéressant à observer dans cette série et qui touche au moment de la conclusion. Pour revenir à cette perte d'humanité, ces sept péchés capitaux, force est de constater que dans l'ensemble - bien qu'il y ait un ou deux exemples plus discutables - nous avons une bonne utilisation de ces actes dans un univers de Fantasy. Il y a un traitement vraiment sympathique à cette mise en avant.
Dans l'ensemble, l'histoire principale est assez divertissante, jouant avec des images religieuses guère surprenantes mais dont l'utilisation se révèle attirante. Les histoires intrinsèques, propres à chaque épisode, demeurent également divertissantes avec quelques messages impactants.

Concernant les personnages maintenant. Depuis la grande vague Game of Thrones, qui a su crier "Attention, je n'ai aucune compassion pour mes personnages : taux de mortalité extrême !" à tel point que cela a véritablement changé le visage de la Fantasy, force est de constater que la recette anti-manichéenne fonctionne ici également. Prenez donc garde à ne pas trop vous attacher aux différents personnages que recèle cette série. Après, outre Ethan et Hannah (le Pion qui sert Ethan), il n'y a guère de figures charismatiques, outre peut-être deux-trois visages. Et c'est vraiment dommage lorsque l'on sait que l'on cherche à jouer avec nos affectes. Le problème, souligné par une durée d'existence bien trop courte, est que l'on ne prend pas le temps de s'attacher à quiconque, excepté les personnages principaux. Ça meurt à la pelle, certes mais c'est tout ; pour dire, je n'ai eu qu'un seul pincement de cœur parmi toutes ces morts (et encore, je trouve qu'en un sens, cette mort est très conne, voire illogique).
Ethan et Hannah sont les personnages les mieux écrits, dans le sens où ils ont bien plus de substances que n'importe qui. La véritable force de cette série réside dans l'évolution contraire que subit ces deux personnages, opposés mais en même temps complémentaires. Cependant, quand bien même nous avons affaire à ce que l'on a proposé de mieux dans la série, tout n'est pas rose. En effet, toujours à cause de cet rapidité d'action, l'évolution de ces deux caractères s'en retrouve quelque peu dénaturé : la folie dans laquelle sombre Ethan avec sa vision pervertie qu'il porte sur l'humanité et bien trop accélérée, limite bâclée ; changement que même une vengeance sourde ne saurait expliquer convenablement. A contrario, l'évolution de Hannah semble plus calme, bien que atteignant un paroxysme véloce dans les derniers épisodes.
Pour le reste des personnages présentés, bien que l'on ait des "bons" dans le lot, tous - et c'est également une force de la série - sont montrés avec du mal en eux ; ce qui donne du crédit pour la répartition des épisodes en péchés capitaux.
Dans l'ensemble, on demeure focalisé sur nos deux personnages principaux (l'Insurgé et son Pion) tout en contemplant une foule de personnages tertiaires ; le qualificatif secondaire serait plus discutable quand bien même on pourrait l'apposé pour deux trois personnages mais une fois de plus, c'est à discuter. Pour le doublage, je n'ai pas grand chose à dire, dans l'ensemble, c'est plutôt correct.

La qualité graphique désormais !
Dirons-nous que... ça va. Si la qualité même des effets est sympathique, c'est surtout la qualité des mouvements qui amène à discussion. Alors, ne me fait pas écrire ce que je n'ai pas encore pensé ! Le tout est fluide, dynamique, les scènes d'action sont merveilleusement biens retranscrites, là n'est pas le problème. La perplexité vient surtout des séquences plus posées où l'on découvre des animations qui laissent plus dubitatif avec une sorte de retenue, de malaise qui colle à la peau des personnages. Après, il est possible de trouver la différence entre les décors et les personnages passables mais sincèrement, la qualité est loin d'être dérangeante.
On pourra cependant souligner que - comme bon nombre de création du genre - les créatures semblent d'une texture différente et des personnages humains et du décor, ce qui accentue cette impression bizarre d'existence de plusieurs niveaux.
Mais encore une fois, très franchement, il y a bien pire que cela.
Mention spéciale pour le générique qui offre des séquences vraiment appréciables tout en donnant le ton de la série.

Ainsi, pour les combats, comme déclaré précédemment, ils sont dynamiques et nerveux, plutôt bien orchestré avec des références au jeu qui feront plaisir, du moins sourire les connaisseurs.

Côté paysage, outre l'aspect graphique, il n'y a rien à dire d'intéressant. On reste sur du basique à la Fantasy ; on ne nous montre pas les grands lieux présentés dans le jeu, dès cet instant, on ne peut pas s'attendre à du transcendant.

Pour les musiques, on est un peu mal servi... Du moins, pour ma part. En effet, à l'exception d'une musique particulière (heureusement présente en de nombreux endroits), je n'ai pas trouvé la bande son extraordinaire, que ce soit les mélodies du générique ou les musiques de la série elle-même, là où les musiques du jeu ont su, à de nombreux moments, m'immerger dans ce monde si riche.

Dragon's Dogma est une série vraiment intéressante qui a tenté d'offrir une vision nouvelle aux joueurs mais également de faire découvrir un univers impressionnant à de nouveaux venus. Le problème demeure que, s'attaquer à un univers aussi défendu et apprécié par les fans est chose compliqué. Quand bien même je ne m'intéresse à ces choses là, je ne peux objectivement critiquer la série sur la base du jeu (ne l'ayant pas fini). Si je me détache de l'univers vidéoludique, outre des problèmes visibles à l'image d'un essoufflement précoce dû à une accélération de l'intrigue ou des constructions de personnages "limites" et peut-être même à une avalanche de clichés (qui n'est guère incroyable dès lors que l'on parle d’œuvres de Fantasy), je ne vois pas en quoi cette série a déplu - sans compter l'indulgence extrême que je porte à ces créations. Néanmoins, ce mauvais accueil semble mettre à mal un projet de suite, si tant est qu'il y ait une suite - pour ma part, l'ensemble répond aux intrigues dévoilées, de ce fait, une suite ne me semble pas nécessaire.
Quoi qu'il en soit, et quand bien même l'adaptation s'écarte "drastiquement" (on retrouve toujours cette patte reconnaissable du jeu) de l'original, force est de constater que le tout est divertissant, bien que court pour en profiter un maximum. Je recommande son visionnage car la série propose tout de même des éléments notables dont ce jeu avec les sept péchés capitaux que beaucoup semblent voir d'un mauvais œil. De toute façon, la meilleure façon pour se forger un avis sur la série, c'est encore de la regarder.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !