Il y a des séries qui, dès les premières minutes, laissent planer un parfum de mystère et d’originalité. Freakylinks faisait partie de celles-là. Sur le papier, l’idée avait tout du petit bijou culte : un groupe de jeunes geeks-enquêteurs, un site web de chasse aux phénomènes paranormaux, des influences visibles de The Blair Witch Project (normal, les créateurs sont derrière les deux), et une ambiance fin 90s pleine de promesses. Et pourtant… quel naufrage.
Le problème majeur de Freakylinks est qu’elle ne sait jamais ce qu’elle veut être. Série d’horreur ? Thriller conspirationniste ? Comédie geek ? Drame psychologique ? À force de vouloir tout faire à la fois sans jamais assumer un ton clair, la série finit par se perdre et n'en approfondit aucun de ses axes. Les épisodes s'enchaînent, souvent anecdotiques, vidant peu à peu le concept initial de sa substance.
Derek Barnes, campé par un Ethan Embry pourtant plutôt attachant ailleurs, devient ici une coquille vide d’émotion. Son drame personnel autour de son frère jumeau n’est jamais creusé avec suffisamment de finesse pour porter la série. Quant à ses compagnons de route, ils se contentent d’exister en arrière-plan, sans réelle dynamique de groupe ni tension palpable. On cherche en vain un attachement, un conflit, un soupçon de relief psychologique. Rien ne vient.
Visuellement, Freakylinks tente de surfer sur la vague found footage et esthétique web, mais l’exercice tourne court. Les effets "caméra amateur" censés nous immerger donnent surtout le sentiment d’assister à un projet d’étudiant mal monté. Les effets spéciaux sont datés, même pour 2000, et les scènes de tension tombent systématiquement à plat, la faute à un montage souvent confus et un rythme laborieux.
Il faut reconnaître quelques sursauts d’originalité ici ou là — certains épisodes explorent des pistes plus sombres, ou exploitent des légendes urbaines intrigantes. Malheureusement, ces éclairs isolés sont noyés dans un océan de banalités. On sent un potentiel frustrant, comme si la série avait constamment peur d’aller au bout de son étrangeté.
En voulant tout faire et plaire à tout le monde, Freakylinks finit par ne satisfaire personne. Ni vraiment effrayante, ni vraiment passionnante, ni même attachante, la série se contente de flotter dans un entre-deux insipide. Avec un univers aussi riche, le ratage n’en est que plus cruel. À la fin du visionnage, il ne reste qu’un goût amer de rendez-vous manqué et une note sévère mais méritée de 3.5/10.