Hell on Wheels
7
Hell on Wheels

Série AMC (2011)

La valse des opposants:sudistes,nordistes;noirs,blancs;américains,indiens;bourgeoises, prostituées

Une série western? Pourquoi pas. Après tout il ne faudrait pas que les séries se limitent à du drame, de la comédie, du thriller et de l'héroic fantasy.

Hell on wheels possède bon nombre de défauts, mais il possède LA qualité non négligeable: malgré, et en dépit de tout, ça reste divertissant à regarder; je n'ai pas ressenti de frustration comme dans bons nombres de séries qui veulent trop en faire pour finalement perdre leur honnêteté (Breaking Bad, Life's Too Short, ...).

Le reproche, et en même temps l'avantage car c'est ce qui sauve la série du naufrage, que je ferai, c'est son inégalité. Tantôt les créateurs veulent 'en jeter' , tantôt ils laissent l'histoire se développer naturellement sans gadgets à la mode, permettant ainsi aux personnages de gagner en profondeur. Mais,quand ça va mal, c'est prétentieux à en crever!

L'épisode pilote, hélas , est celui qui devait appater un maximum de gens, et par conséquent est le plus faible; on y voit des indiens super cools avec des chouettes tatouages bien léchés (genre ça fait dix jours que les indiens préparaient l'affrontement), des attitudes des divers protagonistes bien incohérentes et des actions stupides si on les analyse en profondeur. Les dialogues sont également vides de sens, mais accédant au titre de punch lines qui ne veulent rien dire et ne font pas vraiment progresser l'histoire; c'est juste que c'est cool. Ces défauts se retrouvent à moindre échelle dans les épisodes suivants.

En contre partie certains passages, comme dit plus haut, sont mis en scènes simplement. On revient à l'action-réaction digne d'un bon western, où le frisson du spectateur ne provient pas d'une mise en scène à la mode, mais bien des actions résultantes d'une personnalité solidement établie d'un personnage, et d'une mise en situation bien constuite. Certains dialogues paraissent alors justes et pertinents.

Le tout, bon et mauvais, s'enchaîne comme dans un cercle vicieux. Une incohérence surgit, quelque chose de 'choc', comme s'il fallait donner au spectateur son lot de sensationalisme, et là il faut attendre le prochain calme pour revenir plus proprement au récit.

Le dernier épisode souffre également du même problème que le premier épisode, c'est à dire qu'il y a plus de prétention et d'absurdité que de simplicité, puisqu'il faut convaincre le spectateur de revenir l'an prochain pour la saison 2 (ainsi le meurtre final paraît inconvenu, stupide, illogique, irréfléchi).

Outre ces problèmes impliquant la mise en scène et le scénario, je suis déçu du personnage central et de son interprète plus particulièrement. Aucun des deux ne renoue véritablement avec les grandes figures du genre; le héros semble voué à n'être qu'une ombre, même dans ses moments de gloire. Déjà le costume n'est franchement pas le plus mémorable (les figurants semblent parfois plus gâtés) et participe certainement de son manque de présence. Bon, il ne faut pas non plus tomber dans l'exact opposé: ainsi la prostituée Eva , arborant fièrement un tatouage sur son menton, semble un peu ridicule.

C'est donc de charisme dont manque le personnage, mais aussi, et plus grave encore, l'acteur. Car finalement, que le personnage ne soit que l'ombre de lui même, ce n'est pas une mauvaise idée. Mais c'est à l'acteur de jouer avec cela. L'impression finale est que si monsieur Bohannan ne captive jamais, c'est simplement parceque le jeu de Anson Mount n'est pas à la hauteur et manque cruellement d'audace. Je ne dirais pas qu'un poisson mort a plus d'expression faciale et d'attitude corporelle, mais il faut bien admettre que cet acteur qui a enfin la chance de percer, n'apporte rien de spécial à son rôle.

Par contre, si le personnage principal est plutôt terne, tous les personnages secondaires sont un peu trop flamboyant. Un métisse aux convictions parfois étranges et au chapon melon, une prostituée au passé trouble qui a vécu avec des indiens et qui a un tatouage sur le menton, une bourgeoise un peu trop féline, un suédois cadavérique, un prêtre schizophrène, un indien lobotomisé par le christianisme... ca fait un peu beaucoup pour un simple camps de travail. Malgré tout, certains passages permettant une avancée psychologique des personnages sont la clef d'un équilibre qui ne se brise jamais; ainsi, tout ce petit monde inquiétant semble crédible en grande partie.

Bref, il s'agit d'une série parfois prétentieuse, mais qui heureusement, revient de temps en temps à la simplicité d'un récit honnête. Ses personnages ne sont pas les meilleurs mais de brefs moments d'attentions et d'écritures plus fines convainquent les spectateur de s'y attacher. Ca se laisse donc regarder facilement tant pour les fans de westerns que pour les non fans (qui trouveront peut être la série plus alléchante que les autres puisque vierges de toutes règles du genre)
Fatpooper
6
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le 22 janv. 2012

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4 j'aime

Fatpooper

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