Pourquoi "Men of a Certain Age" mérite d’être redécouverte
Dans la masse de séries calibrées pour faire du bruit, Men of a Certain Age (TNT, 2009) est un ovni. Une série qui choisit la discrétion, l’authenticité, l’émotion brute. Et pourtant, c’est bien cette pudeur-là qui m’a profondément marqué. J’ai découvert cette œuvre un peu par hasard… et je ne m’en suis toujours pas remis.
Le pitch est simple. Peut-être trop, diront certains : Joe, Terry et Owen – trois amis de longue date – entrent dans la fameuse "crise de la cinquantaine". Ils n’ont rien de spectaculaire, pas de secrets inavouables ou de carrières flamboyantes. Juste des existences cabossées, des rêves fatigués, des peurs ordinaires. Et c’est là, justement, que réside toute la magie de la série.
En tant que spectateur, j’ai été saisi par cette capacité à rendre l’ordinaire bouleversant. Pas besoin d’explosions, de twists ou de surenchère émotionnelle. Ici, une scène dans un parking ou une discussion entre amis peut vous tirer une larme. Parce que c’est juste. Parce que ça sonne vrai.
Ce qui m’a bluffé, c’est la qualité de l’écriture. Rien n’est surjoué, chaque mot semble pesé, chaque silence est habité. Il y a une forme de tendresse dans le regard posé sur ces personnages : la série ne les juge jamais, elle les observe. Et on finit, nous aussi, par les aimer comme s’ils faisaient partie de notre entourage.
Les créateurs Ray Romano (oui, celui de Everybody Loves Raymond) et Mike Royce signent ici un bijou d'humanité. Loin de la sitcom, Romano surprend dans un registre beaucoup plus grave, sans jamais perdre en subtilité. Son interprétation de Joe est à la fois pudique et bouleversante.
Impossible de parler de Men of a Certain Age sans saluer les performances d’acteurs. Ray Romano, Andre Braugher et Scott Bakula forment un trio d’une justesse rare. Chacun incarne une facette de l’homme moderne en pleine transition : le père dépassé, l’éternel adolescent, le rêveur désabusé. Ensemble, ils donnent vie à une amitié palpable, crédible, profondément touchante.
Pas de fioritures visuelles ici. La mise en scène est sobre, presque invisible. Et c’est exactement ce qu’il fallait. On est plongé dans une réalité sans filtre, sans musique dramatique ni éclairage stylisé. Cette humilité dans la forme renforce l’impact émotionnel. On vit avec eux. On ressent avec eux.
Il m’est souvent arrivé, en repensant à un épisode, de revoir un détail de ma propre vie sous un autre angle. Une discussion avec un ami. Une décision remise à plus tard. Un souvenir enfoui. Men of a Certain Age n’a pas pour but de nous secouer : elle nous accompagne. Avec douceur, avec humour, avec une infinie tendresse.
Si vous cherchez une série différente, qui prend son temps, qui parle de vous sans jamais en avoir l’air… alors donnez une chance à Men of a Certain Age. Ce n’est pas une série qui se binge-watch. C’est une série qui se déguste. Une série qui, sans crier gare, vous reste longtemps au cœur.
Ma note : 9/10
Une œuvre rare, sincère, nécessaire.