Les OAV de l'époque c'est quand même quelque chose. A croire que l'on pourrait piocher au pif dans le tas qu'on tomberait forcément sur une perle. Mobile Suit Gundam 0080 : War in the Pocket ne fait pas exception.


Chronologiquement situé entre le premier opus Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam, War in the Pocket se montre radicalement différent de ses aînés. La série de 6 OAV met en lumière un événement particulièrement localisé, à l'échelle d'une colonie – et encore – mais pourtant d'une importance capitale pour l'avenir de l'Universal Century. Là où les habituels Gundam possèdent un rythme effréné, avec des combats épiques majoritairement dans l'espace, War in the Pocket avance doucement, calmement, avec assez peu de combats – une partie étant de simples gunfights – et beaucoup de character development. Et surtout War in the Pocket affiche la guerre du point de vue civil, c'est là l'objectif et la particularité principale de l’œuvre.


La série alterne à merveille entre une ambiance innocente voire mélancolique, et une autre bien plus sérieuse et sombre. A l'image d'un Patlabor, ou même Gunbuster.
War in the Pocket arrive à montrer des scènes particulièrement tendres, pourtant vecteurs d'événements graves et dramatiques. A l'image de notre duo de protagoniste qui s'amuse à réparer un Zaku tel des frères bricoler un simple jouet. Et bon sang que ça marche ! Ces scènes, aidées d'une OST aux petits oignons et d'un chara-design digne du grand Haruhiko Mikimoto, font mouche.
La réalisation est excellente. Pour changer des autres Gundam, le spectateur ne croule pas sous un flot d'information. Beaucoup d’entre-elles lui sont suggérées, notamment pour ce qui est des enjeux à grande échelle et de leurs répercussions sur les autres opus.


On ressent la touche du papa de Macross avec ces personnages qui évoluent dans un contexte guerrier. La relation fraternelle entre Al et Bernie est un exemple pour ce qui est de l'attachement aux personnages, très touchante. Le développement de Al comme enfant de la guerre est excellent, autant que celui de Bernie dont l'influence d'Al s'accroît au fil des épisodes. Les personnages plus secondaires ne sont pas en reste. Peu importe leur temps d'apparition, ils sont tous cohérents et charismatiques.


War in the Pocket excelle à montrer la guerre en terrain civil, où l'on voit ces Mobile Suit s'affronter aux côté de pavillons et immeubles, avec ce qui implique de résidents. L'affrontement terminé, il est alors l'heure de compter les victimes collatérales.
Les combats de Mobile Suit sont à l'image du début du premier épisode : réaliste, brutal, et surtout intense. Ils sont presque exclusif à l'intérieur de la colonie, les laser étant remplacés par des balles de (très) gros calibre. L'action est localisée à quelques machines, chaque mort et destruction étant montrée avec précision. On pourrait faire un parallèle avec les Patlabor d'Oshii pour ce réalisme exacerbé et ce soin de l'action.
En marge des gros robots, War in the Pocket montre quelques gunfight particulièrement réussies, dans le même ton que les affrontements de MS. Là encore chaque tir est fait pour tuer, et le fait très souvent. Franchement prenant.


D'ailleurs, techniquement l'anime est une réussite totale. Le choix de Haruhiko Mikimoto en character designer est particulièrement pertinent au vu du ton de l'anime, son design étant toujours aussi agréable pour la rétine, les décors s'y accordant parfaitement, l'animation sans faille aidant le tout. Les OST, particulièrement originales, excellent tant pendant les scènes calmes que pour celles plus graves et sérieuses. Ces dernières font d'ailleurs parfois penser aux composition de Kenji Kawai des films Patlabor.
Un point sur l'opening qui, comme souvent avec Gundam, est franchement excellent. Plus encore avec cette série qui lui donne une importance notable, que ce soit pour l'ambiance, ou pour appuyer les moments forts.


Mobile Suit Gundam 0080 : War in the Pocket est différent de ses aînés, mais attention, il garde en lui l’essence même de Gundam. Le (très) jeune héros qui subit la guerre, ne la comprend pas, en souffre, la rejette, et finalement en grandit. Le protagoniste ne pouvant qu'assister impuissant à la souffrance, voire à la disparition, de ses proches. Critique de la guerre par l'absurde, avec ces personnages, pourtant proches, obligés de s'affronter pour des enjeux illusoires, créés par des dirigeants n'ayant qu'une vision globale, non-humaine.
War in the Pocket a beau être radicalement différent de par sa forme, il n'en est pas moins un des Gundam transmettant le mieux le message anti-guerre de la franchise. Un Gundam pure souche.


War in the Pocket se situe chronologiquement entre les deux premières séries, mais est fait pour être vu après ces dernières. D'après moi il est indispensable d'avoir vu Zeta Gundam avant ces OAV, au moins partiellement, afin de prendre conscience de l'ampleur des enjeux et de l'impact de ces événements, qui semblent a priori mineur, sur tout l'Universal Century. Mais aussi - et surtout – car ainsi on sait forcément comment va se terminer la série. C'est ça qui rend War in the Pocket particulièrement dramatique, et ce pour la majeure partie des personnages présentés. De mon point de vue c'est un point vraiment essentiel à prendre en compte avant le visionnage des OAV.


Une petite guerre parmi tant d'autres. C'est un peu ce que cherche à nous raconter Mobile Suit Gundam 0080 : War in the Pocket. Une grande réussite, à tous les niveaux. Un excellent Gundam qui fait honneur à la franchise. Très touchant, tendre, dramatique, et frappant le spectateur comme aucun autre Gundam n'a pu le faire, Mobile Suit Gundam 0080 : War in the Pocket affiche la guerre comme elle devrait l'être. On n'aimerait pas y être.

Chnapy

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