Mon Comeback est une série qui dérange autant qu’elle fascine. Derrière son apparente légèreté de satire hollywoodienne, elle expose avec une cruauté maîtrisée les ravages du star-system sur les individus qui en sont prisonniers. Si j’ai choisi de lui attribuer un 7/10, c’est parce qu’elle parvient à frapper fort sans toujours réussir à tenir sa tension narrative sur la durée.
L’ambition de Mon Comeback est limpide : montrer la machine à broyer qu’est l’industrie du divertissement. Valerie Cherish, interprétée par une Lisa Kudrow méconnaissable de justesse et de finesse, devient l’objet d’un voyeurisme malsain que la série critique tout en le mettant en scène. Chaque sourire forcé, chaque humiliation publique, chaque concession pathétique illustre l’absurdité du culte de la célébrité.
Là où beaucoup de séries se contentent d’égratigner Hollywood, Mon Comeback n’hésite pas à appuyer là où ça fait mal. La série capte cette zone inconfortable où l’humour devient gênant, où le malaise devient le ressort principal du récit. Ce choix audacieux est sa force… mais aussi sa faiblesse.
À force de vouloir systématiquement confronter Valerie à l’humiliation, la série finit par s’enfermer dans un certain schéma. Le format de faux documentaire, pertinent au départ, devient parfois un carcan qui étire inutilement les situations, au risque de fatiguer le spectateur. L’absence de véritables respirations émotionnelles dans certaines séquences limite l’évolution dramatique et empêche la série de pleinement exploiter la richesse de son sujet.
Si Mon Comeback fonctionne malgré ses limites, c’est en grande partie grâce à Lisa Kudrow. Rarement une actrice aura aussi bien incarné la détresse sous le vernis des projecteurs. Elle donne à Valerie une profondeur tragique insoupçonnée, transformant une figure comique en personnage complexe et poignant. Sa performance est tout simplement la colonne vertébrale de la série.
En 2005, Mon Comeback anticipait déjà la dérive des médias vers le voyeurisme de la souffrance intime, bien avant l’explosion de la télé-réalité et des réseaux sociaux. En cela, la série était visionnaire. Pourtant, cette lucidité acérée rend parfois son visionnage inconfortable, presque éprouvant. Ce n’est pas une série à binge-watcher, mais une œuvre à digérer, épisode après épisode.
Avec Mon Comeback, HBO proposait une œuvre à contre-courant des standards du divertissement. Brillante par moments, redondante à d’autres, la série trouve sa force dans sa capacité à déranger et à provoquer la réflexion. Mon 7/10 traduit ce mélange d’admiration et de frustration face à une série qui ose, quitte à perdre certains spectateurs en chemin.