"So NoTORIous" (VH1, 2006) s’attaque à un exercice délicat : déconstruire l’image publique de sa propre star. Et il faut reconnaître que ce pari audacieux fonctionne globalement bien, même si quelques limites l’empêchent de devenir une référence incontournable de la comédie satirique.
Le principal atout de la série réside dans son concept : Tori Spelling, souvent moquée dans les tabloïds, choisit ici de prendre les devants et de jouer avec les clichés qui la poursuivent. Ce geste d’autodérision apporte une fraîcheur bienvenue et donne une vraie personnalité à la série. Loin d’un simple règlement de comptes ou d’une tentative de réhabilitation maladroite, "So NoTORIous" assume pleinement sa démarche et s’en amuse avec intelligence.
L’entourage de Tori est un atout indéniable. Chaque personnage secondaire — exubérant, caustique ou totalement décalé — enrichit la dynamique comique. Ces figures apportent une énergie qui empêche la série de tomber dans l’égocentrisme stérile, en offrant une variété de situations et de dialogues bien sentis.
L’univers superficiel d’Hollywood est ici habilement pastiché : la superficialité, l’obsession de la célébrité et les absurdités du star-system sont tournées en ridicule avec un ton souvent juste. Toutefois, certains épisodes peinent à renouveler leur mécanique comique, et quelques blagues finissent par perdre de leur mordant à force d’être recyclées.
Le cœur du projet reste la performance de Tori Spelling. Elle réussit un équilibre délicat : se moquer d’elle-même sans se dévaloriser, tout en offrant une sincérité qui la rend paradoxalement plus attachante qu’elle ne l’a jamais été dans ses précédents rôles. Cette lucidité sur son propre parcours constitue l’une des principales forces de la série.
Avec plus de saisons et un développement plus poussé, "So NoTORIous" aurait sans doute pu atteindre une vraie profondeur comique et critique. Son arrêt prématuré laisse une impression d’inachevé, comme si le potentiel amorcé n’avait pas eu le temps d’éclore pleinement.
"So NoTORIous" est une série singulière et plutôt réussie dans son audace, même si elle n’évite pas certains écueils de répétition. Tori Spelling y signe une auto-parodie intelligente et sympathique qui méritait sans doute une chance de s’affirmer davantage.