Clic clic pan pan...Boum!

Pour rappel, l'achat, la vente ou la possession d'armes à feu sont interdits en Corée du Sud. Ce qui en fait un des pays avec un taux d'homicide par armes à feu les plus bas du monde, mais un peu plus élevé que Singapour, le Japon, la Chine ou Taiwan, si on prend des pays dans la même zone géographique, et qui possèdent des législations pénales très dures en la matière. Sur le papier, le sujet semblait intéressant: en effet que se passerait-il si on introduisait en quantité non substantielle des armes à feu, et qu'on les distribuaient à une population "cible"? Le pays sombrerait-il dans le chaos par effet domino? Mais une fois de plus, Netflix vient nous démontrer la pauvreté de ces dernières productions destinées avant tout à un public peu exigeant qualitativement en matière de drama action/polar. En ce qui concerne la réflexion, on repassera. Nous refaire le coup d'un Squid Game qui possédait déjà une base, désolé mais ici la mayonnaise ne prend pas, parce qu'on ne transpose pas une problématique américaine dans une société qui n'a rien à voir.

Il faut être honnête, les deux premiers épisodes de Trigger sont très bons et donnent envie. Il y a matière à développer un sujet sociétal de fond. On voit à peu près où on veut nous emmener avec ce "teasing" autour de protagonistes aussi divers que variés avec au hasard l'étudiant au bout du rouleau, les lycéens harcelés, la mère de famille dont le fils est mort au travail, le détraqué sexuel, une petit frappe de gang, etc...Tous ont en commun d'avoir été poussés à bout, et comme aurait dit Johnny, "il suffira d'une étincelle". Avec des armes à disposition, est ce qu'ils s'engageront tous vers un voyage sans retour? Ça ressemble à une étude de cas comportemental pour savoir quelle est la limite que sont prêts à franchir une certaine catégorie de personnes quand un outil de vengeance létal est entre leurs mains. La question à se poser : est ce que c’est l’arme qui est un danger, ou celui qui la manipule? Dans les mains d’un esprit sain, elle n’a pas la même finalité qu’entre les mains de quelqu’un qui a perdu son libre arbitre. Malheureusement toutes ces pistes de réflexion vont vite disparaitre dans un scenario aussi convenu qu'insipide.

Attention ma critique contient des SPOIL

Pour mener l'enquête suite à la première tuerie, le flic Lee Do(Kim Nam-Gil) va se retrouver impliqué malgré lui dans cette affaire impliquant des armes à feu provenant de nulle part, et qui semblent être distribuées à des gens au hasard en grande quantité. Ancien membre des forces spéciales de l'armée coréenne, il est désormais contre les armes à feu. Il va être amener à faire la rencontre de Moon Baek(Kim Young-Kwang), un individu haut en couleur, qui semble connaitre beaucoup de choses sur la situation actuelle. On se demande pourquoi au début Lee Do semble faire confiance à ce type qu'il ne connait pas. Parce que à moins d'être complètement con, on voit bien que le gars n'est pas net, et pour cause, c'est lui qui à l'origine de ce trafic clandestin d'armes à feu et qui en gère la distribution. Si encore le drama provenait d'un webtoon comme "Sans Merci" par exemple, on aurait pu accepter les outrances et l'exagération, mais ici ce n'est pas le cas.

C'est manichéen comme pas possible, tout est téléphoné, sans saveur, sans rebondissements, et la plupart des scènes s'inspirent librement de films comme "Chute libre" ou carrément "Terminator" pour la scène du commissariat. J'ai cru rêver devant autant de conneries. Un gars novice en armement qui prend d'assaut un commissariat OKLM? Depuis 2024, tous les flics coréens sont armés de calibre 38, ils attendaient quoi pour les sortir? Et la SWAT avait piscine? Comme aurait dit la philosophe Nabila, "Allô ! Non mais, Allô quoi !". Les situations grotesques s'enchainent, risibles par moment, on croirait regarder une série américaine de 25 ans en arrière ou un vieux film d’action de série B. On lit dans le récit comme dans un livre ouvert. Dès le 3ème épisode, le scenario va juste sombrer dans la facilité et nous proposer un simple et basique drama d'action vu et archi revu. Les 3 derniers épisodes n'ont plus rien à raconter, et déjà que les épisodes sont courts, on va encore réduire la voilure tellement c'est pauvre.

L'hypothétique réflexion sur une société coréenne qui aurait pu basculer dans une société armée pouvait susciter un certain intérêt au départ, mais tout cela disparait totalement au profit d'une banale série qui verra s'affronter un simple flic venu de nulle part, et un trafiquant d'armes de petite envergure, car étant aux ordres d'un puissant réseau international du crime basé aux Etats Unis. Les deux antagonistes sont caricaturaux comme pas possible et on leur invente un passé tortueux pour nous expliquer pourquoi l'un a sombré et l'autre est resté sur le bon chemin. C'est bourré de clichés et de raccourcis qu'on aimerait ne plus jamais revoir: c'est un gros aux lunettes harcelé au Lycée qui bat le record de la tuerie de Colombine, ou bien le larbin que Moon Baek bute par plaisir est un noir baraqué. L'affrontement aux flingues entre les 2 gangsters qui finissent par terre vaut aussi son pesant de cacahuètes avec un effet comique involontaire. Bref, tout cela sont des exemples parmi d'autres, sans parler du fait que des gens qui n'ont jamais vu de près une arme à feu de leur vie s'avèrent être des pro de la gâchette. Pour avoir pratiqué le tir en club, je peux vous dire qu'avoir un 38 ou un fusil d'assaut dans les mains pour la première fois, vous rateriez un éléphant dans un bus.

D’un hypothétique polar sur fond de trafic d’armes et de dérèglement de la société coréenne, Netflix nous abreuve encore d'une pathétique et énième série d’action où le fond n’est qu’un prétexte à des poursuites et des tueries. Dans un scenario qui tient au final sur une feuille de PQ,(alors qu'il y avait tellement de possibilités), il n'y a absolument rien de crédible, plausible, c'est stéréotypé à fond les manettes. Moon Baek tue dans la rue à la vue de tous, prend son temps, et retourne à son GQ dans une tour de Gangnam. A se demander si la police, l'armée et le NIS servent à quelque chose en Corée. Et décidément les médecins coréens sont des génies pour remettre sur pied en 2 ou 3 jours un mec qui vient de se prendre 6 balles de pistolet...Mais il fallait bien finir le drama vu qu'il restait un épisode non? Le final sombre littéralement dans le grand guignolesque et surtout le ridicule. Mais Lee Do va sauver à lui tout seul le pays et régler la situation en 10 minutes. Chapeau l'artiste, et merci!

Pourquoi je mets 5 au lieu de 4? Tout simplement pour les deux premiers épisodes très bons, et pour Kim Young-Kwang qui a lui seul vaut le détour.

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