Twisted (2013, Freeform) est une série qui, dès ses premières minutes, annonce clairement son ambition : explorer la frontière entre culpabilité et rédemption à travers le prisme de l’adolescence. Le postulat de départ est accrocheur : Danny Desai, un adolescent accusé du meurtre de sa tante à l’âge de onze ans, revient dans sa ville natale après cinq années passées en centre de détention. Dès son retour, une nouvelle tragédie frappe, relançant les soupçons et exacerbant les tensions. À première vue, l’intrigue a tout du thriller psychologique pour jeunes adultes, mais au fil des épisodes, la série révèle à la fois ses forces et ses limites.
Le personnage de Danny Desai, incarné avec subtilité par Avan Jogia, est sans doute l’élément le plus marquant de la série. Son retour dans une communauté qui le regarde avec suspicion, parfois haine, crée une tension constante. Danny ne se livre jamais totalement, et cette ambiguïté alimente habilement le doute chez les spectateurs. Est-il coupable ou victime ? Manipulateur ou simplement brisé par son passé ? Cette ambivalence est entretenue avec intelligence, même si elle mériterait parfois d’être explorée plus en profondeur.
Face à lui, Jo Masterson, son amie d’enfance, incarne la loyauté confrontée à la peur. Elle évolue de façon nuancée, tiraillée entre l’envie de croire en l’innocence de Danny et les jugements de son entourage. Sa sensibilité, son courage discret, et la douleur qu’elle cache en font un personnage sincère et touchant.
Lacey Porter, quant à elle, joue un rôle plus complexe. Ancienne amie de Danny et de Jo, aujourd’hui populaire et soucieuse de son image, elle représente les contradictions de l’adolescence : elle veut garder ses distances tout en étant irrésistiblement attirée par le mystère de Danny. Leur relation, à la fois électrique et fragile, donne lieu à des scènes d’une belle intensité émotionnelle.
L’un des atouts de Twisted, c’est son atmosphère : une petite ville étouffante, où chaque regard devient suspect, chaque silence suspecté. L’esthétique sombre et la bande-son discrète mais efficace contribuent à installer cette ambiance de tension psychologique. Cependant, le scénario souffre parfois d’un manque de cohérence ou de subtilité. Certains retournements paraissent forcés, comme s’ils répondaient davantage à un cahier des charges de suspense qu’à une progression logique des personnages.
Par ailleurs, le rythme est inégal : certains épisodes prennent le temps de développer des enjeux émotionnels intéressants, tandis que d’autres semblent précipiter les événements pour créer du choc, au détriment de la crédibilité. Ce déséquilibre nuit à l’impact global, même si l’ensemble reste accrocheur.
La série aborde des thèmes puissants : la stigmatisation sociale, le poids des rumeurs, la difficulté de se reconstruire après une faute – réelle ou supposée –, et les tensions raciales ou de classe parfois esquissées. Malheureusement, ces pistes sont souvent survolées. Il y avait matière à explorer des dimensions plus profondes, notamment sur la manière dont la société façonne les récits de culpabilité, ou sur la complexité du pardon.
Cela dit, Twisted a le mérite de poser les bonnes questions, même si elle n’apporte pas toujours des réponses claires. Elle ose laisser planer le doute, ce qui est à la fois frustrant et stimulant pour le spectateur.
Twisted est une série qui ne laisse pas indifférent. Son ambiance, ses personnages ambigus et sa volonté d’aller au-delà du simple drame adolescent en font une proposition intrigante. Certes, elle aurait gagné à mieux structurer son récit et à approfondir ses thématiques, mais elle reste un divertissement intelligent, qui prend le risque de ne pas tout expliquer.
Avec une meilleure maîtrise de son rythme et une seconde saison pour développer son potentiel, elle aurait pu vraiment marquer le genre. En l’état, elle mérite un solide 7/10 : pas une œuvre inoubliable, mais un bel essai, sincère et audacieux à sa manière.