Il est des séries qui, sans être mauvaises, peinent à laisser une empreinte. Underemployed, lancée par MTV en 2012, appartient à cette catégorie des œuvres à la fois sincères dans leur démarche et frustrantes dans leur exécution. Le point de départ était pourtant prometteur : suivre cinq jeunes idéalistes fraîchement diplômés, rêvant d’avenirs flamboyants et se heurtant de plein fouet aux murs invisibles d’une réalité décevante. Un thème d’une brûlante actualité, mais que la série effleure plus qu’elle ne pénètre.
Ce qui frappe dès les premiers épisodes, c’est cette volonté manifeste de capturer une génération en transition – entre l’insouciance de la jeunesse et la rudesse d’un monde adulte désenchanté. Mais très vite, l’enthousiasme s’émousse. L’écriture, parfois trop timorée, peine à donner chair à ses ambitions. L’intrigue s’éparpille, les enjeux restent en surface, comme si la série refusait d’exposer trop crûment les fêlures qu’elle prétend raconter. Là où l’on espérait une fresque vibrante, on se retrouve face à une esquisse inachevée.
Les personnages, bien qu’incarnés avec sincérité par des acteurs méritants, souffrent d’un manque de densité. Raviva, Lou, Sophia et les autres ne sont jamais déplaisants – parfois même touchants – mais rarement bouleversants. Ils évoluent dans des trajectoires trop prévisibles, portés par des dialogues souvent fonctionnels, rarement marquants. On aurait aimé les voir trébucher avec plus de fracas, aimer avec plus de désordre, rêver avec plus de feu.
Visuellement, la série porte la signature MTV : image léchée, bande-son actuelle, mise en scène dynamique. Ce vernis pop, s’il rend le visionnage plaisant, entre en dissonance avec le propos. Là où l’on attendait une certaine rugosité pour dire l’échec, on trouve une forme trop polie, presque publicitaire. Cette cohabitation entre fond désabusé et forme clinquante crée un malaise, comme si Underemployed n’osait jamais assumer pleinement sa mélancolie.
Il serait injuste de balayer Underemployed d’un revers de main. La série possède une certaine douceur, une volonté de bien faire, et quelques instants de vérité. Mais elle reste engluée dans une forme de tiédeur narrative. Elle ne prend pas de risques, ne creuse pas assez profond. Elle capte les contours d’un malaise générationnel sans jamais en percer le cœur. Ce n’est pas un échec, mais une occasion manquée.
Avec plus d’audace, Underemployed aurait pu devenir le miroir percutant d’une jeunesse en quête de sens. Elle se contente d’être un reflet flou, parfois attendrissant, mais trop souvent convenu. Une œuvre à mi-chemin, qui laisse une impression de presque – et un léger goût d’inachevé.