Les meilleurs films de 2020 selon Sinar1107

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Ca y est, Emmanuel Mouret est désormais complètement entré dans ma liste de réalisateurs préférés. Il livre ici son long-métrage le plus abouti, maîtrisé et émouvant. Pour moi, Mouret, c'est évidemment un cadre extrêmement travaillé, une lumière toujours juste mais c'est surtout une écriture. Les inspirations sont là, Truffaut, Rohmer, mes réalisateurs préférés. On parle énormément dans ses films mais la parole n'est qu'un support aux sentiments, à ce qui se joue entre les personnages, leurs doutes, leurs dilemmes et leurs ambiguïtés. Le désir comme thème centrale et une réflexion à la fois morale et sentimentale, que pouvais-je demander de mieux? Je ne peux qu'admirer sa construction narrative, réfléchie et vaguant entre les différentes histoires d'amours pour mieux saisir l'essence d'un concept qui nous a toujours échappé. Le film s'affranchit de la linéarité et partage un sentiment de vrai, de vagabondage d'anecdotes et d'histoires extraordinairement ordinaires qui touchent en plein coeur. Le tragique n'est pas forcé, il est naturel et dévastateur. Les sentiments sont cruels lorsque l'on aime, les moeurs aussi. Emmanuel Mouret confirme son statut de directeur d'acteurs de génie en s'entourant de comédiens talentueux. Certes, la musique extra-diégétique prend certaines fois trop de place (allusion à la Nouvelle-Vague) mais ce n'est que pour renforcer cette impossibilité invisible de deux êtres s'aimant mais ne pouvant s'aimer. Elle irradie les personnages et s'abat sur eux. Même si le film est un peu long, il m'a paru beaucoup trop court à moi, grand amoureux de l'Amour et mon rêve s'est fixé: travailler avec Emmanuel Mouret.

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Avant-première à CINEMED en présence du réalisateur, de Max Boublil et de Alice Isaaz.
Grosse surprise de ce début d'année 2020, Play s'annonce comme la comédie populaire française de l'année. Intelligente, très drôle, nostalgique, tout y est. J'espère vraiment qu'il rencontrera le succès qu'il mérite. Le concept est incroyable d'originalité, visionner toute une vie à travers une caméra VHS filmée par le personnage principal, que l'on voit grandir avec émotions. Il y a un véritable travail de mise en scène et de cohérence scénaristique pour rendre le tout crédible. Le choix du casting est bluffant, tous les acteurs sont fabuleux, et en particulier ma future femme Alice Isaaz ! Le rythme est tellement bien géré qu'on ne voit pas le temps passer et l'humour fonctionne extrêmement bien, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri au cinéma. La forme innovante ré-invente cette comédie romantique et offre un beau portrait de la vie, de notre jeunesse tout en nous questionnant sur la place de l'amour, la famille et les aléas de notre existence. La bande son, complètement folle, nous replonge dans la nostalgie et nous fait revivre, à nous spectateur, différents moments de notre vie. Il y a toutefois quelques scènes coupés et ça se ressent au niveau du développement de certains personnages mais c'est vraiment pour trouver un défaut. Film qui touche toutes les générations, Play m'a marqué et restera très longtemps dans mes pensées ! Un inoubliable moment !

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Une oeuvre intime et percutante qui nous saisit profondément et qu'on ne peut expliquer. J'aime la façon dont le récit se fragmente en deux parties complètement opposées autant au niveau de la mise en scène que du ton. Ce basculement de point de vue est vraiment intelligent, surprenant le spectateur et ré-actualisant son intérêt. Surtout que je trouvais la mise en scène de la première partie beaucoup trop forcée et artificielle, à défaut d'être très efficace et tape à l'oeil. La deuxième partie vient justifier ce parti pris avec le bouleversement qui a lieu dans le récit et s'oriente vers une image plus calme, contemplatif et poétique qui représente l'intériorité du personnage de la soeur, dont je suis tombé amoureux. Montrer la destruction d'un couple puis la création d'un autre rajoute une pertinence non négligeable et offre une vision doux-amer, à la fois optimiste et réaliste. Waves excelle donc à représenter l'auto-destruction d'une famille qui, comme le spectateur, n'est jamais préparé à ce qui va arriver. Tout carbure trop vite, la caméra semble aussi controlée et dirigée que Tyler l'est par son père. Le choc en est donc d'autant plus important. J'aime la densité des thématiques traitées, parlant autant de l'approche face à la mort que de l'acceptation de vivre dans une société qui t'enferme mais aussi de la découverte de soi, du pardon et de la pression sociale que peuvent éprouver de nombreux adolescents en Amérique. Une oeuvre maîtrisée de bout en bout qui fait autant réfléchir que rêver !

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Adoptant la même démarche qu'un Richard Linklater, Sébastien Lifshitz filme l'adolescence et le passage à l'âge adulte de deux meilleures amies collégiennes. Ce projet avait tout pour m'intriguer, moi qui suis un grand adepte de la représentation de la jeunesse ainsi que de l'idée de filmer le temps qui s'écoule. Ici, c'est tout aussi saisissant qu'un Boyhood et nous avons même du mal à nous avouer que ce n'est pas une fiction. En effet, le réalisateur adopte les dispositifs filmiques d'une fiction mais ne filme que le réel. On est impressionné chaque minute par le véracité des images et de leurs puissances évocatrices de nos vies. Je me doute qu'il y a dû y avoir une quelconque mise en scène (même si l'équipe dément) mais je suis intrigué de savoir à quel point. Suivre ces deux parcours de vie est tout simplement passionnant et émouvant, on se laisse absorber par l'image transparente qui nous incruste dans la vie privée de ces deux jeunes filles qu'on finit par adorer. On regrettera juste quelques petites longueurs dû à la durée importante du documentaire ainsi qu'un équilibrage pas toujours équitable, surtout dans la deuxième partie où les héroïnes se perdent de vues. Il n'en reste pas moins une merveilleuse idée de cinéma, à la fois sensible, tendre et juste.

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https://www.senscritique.com/film/Adieu_les_cons/critique/224569747

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Film somme pour Guy Ritchie qui regroupe toutes les qualités de ses oeuvres et qui devient donc son long-métrage le plus maitrisé autant au niveau de l'image que de la narration. Revenant à ce qui a fait son succès, le film de gangster acidulé et pop multipliant les points de vus, le réalisateur britannique affirme tout son talent avec une construction narrative décousue mais en réalité très travaillée, où rien n'est laissé au hasard. Une mise en abime du cinéma vient sublimer le récit en l'encadrant, se servant de la notion de fiction pour brouiller le vrai du faux. Certes, ce dispositif peut sembler répétitif et assez confus parfois mais le phrasé des dialogues et l'énergie de la mise en scène donne au film un rythme dynamique et haletant qui ne laisse aucun répit aux spectateurs, le laissant autant réfléchir que s'amuser. Les personnages, haut en couleurs et jouissifs, agrémentent un véritable univers de gangster cohérent et intelligent. Les rebondissements, nombreux et parfois un peu trop dans l'abus, sont justifiés et acceptés par le spectateur, habitué à l'ambiance décalé et délirante que Guy Ritchie a installé dès le début. Une leçon de cinéma, maîtrisée et très bien écrite, à voir !

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https://www.senscritique.com/film/Jojo_Rabbit/critique/202052377

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Vu dans la cadre du Prix France Culture des étudiants 2020
Un long-métrage maîtrisé de bout en bout et d'une justesse implacable. Friand de ce genre de drame familial intimiste et adorant les récits sur la jeunesse, je ne pouvais qu'adhérer à l'histoire. Les personnages sont habilement écrits et beaucoup de choses passent par l'image, à la fois naturelle et stylisée par la mise en scène efficace de Annabelle Attanasio. Beaucoup de thèmes importants sont traités subtilement, le passage à l'âge adulte, la violence parentale, le traumatisme de guerre, la liberté. L'engrenage infernal dans lequel Mickey se trouve enferme autant le spectateur et le personnage qui a l'impression, comme elle, d'étouffer. Même les bords du cadre semblent l'emprisonner. Les deux acteurs principaux livrent une grande prestation et crèvent littéralement l'écran, à la foi touchants, tragiques et déchus. Le récit témoigne dans le même temps d'une situation très courante en Amérique et qui mérite d'être traitée, encore et encore. Tel Antoine Doisnel des 400 coups, le plan final veut briser ce cercle vicieux, témoignant de l'instabilité psychologique dans lequel vit Mickey. Elle brouille les limites du cadre pour mieux s'en échapper. Sobre, touchant, efficace, je conseille Mickey and the Bear !

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Un conte fantastique comme on en voit peu dans le paysage populaire français ! S'inspirant beaucoup de l'ambiance mystérieuse et magique à la Spielberg, Léo Karmann semble suivre ces pas en ancrant un élément surnaturel et fantastique dans le réel. Toute la première partie du film fonctionne très bien, véritable émerveillement épousant celui de l'enfance ainsi que la nostalgie des films de ce genre. Le récit bascule malheureusement dans quelque chose de plus connu et surtout prévisible dans sa dernière partie mais ça n'en reste pas moins bon. L'histoire s'autorise le drame et du contenu plus mature qui sort le long-métrage du simple film grand public pour la famille. La thématique de l'identité est très bien traitée, autant dans le dilemme du personnage que dans la mise en scène, multipliant évidemment les reflets et les effets miroitants. Certes, rien n'est très subtil mais cette mise en scène apparente n'est jamais forcée et toujours efficace. Il y a même quelques très bonne idées (lumière venant défigurer Simon, les deux ombres...) qui ne font que confirmer la recherche qu'il y a eu pour le film ou en tout cas cet effort esthétique témoigne d'une volonté de faire les choses bien. Malheureusement, c'est aussi par l'image, fébrile et maladroite certaines fois, que l'on voit que le réalisateur n'est encore qu'un novice, notamment dans la composition du cadre, le sens du timing et la façon dont il dirige les acteurs. En effet, si l'on écarte les comédiens amateurs attachants qui dérapent un peu trop parfois, il y a un léger soucis de direction d'acteur et de la façon d'exprimer les sentiments par le corps et non que par la parole et les expressions exacerbées. La dernière vie de Simon n'en reste pas moins envoutant, ayant vraiment été fait avec passion et avec beaucoup de coeur ce qui rend le spectateur très indulgent. La bande sonore, là encore tout sauf nouvelle, mais qui réussit dans sa tâche d'inscrire ce merveilleux dans un quotidien réel et le mélange des deux fonctionnent très bien dans tout le film, ce qui est déjà un exploit en soi. Je le conseille donc vivement, plus qu'un bon moment, un véritable retour en enfance et un (ré)éveil à la magie enfouie au plus profond de nous.

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Avec ce nouveau long-métrage de Greta Gerwig, un film n'a jamais aussi bien porter le mot de romanesque depuis très longtemps. La première qualité vient bien sûr de ses acteurs, charismatiques, envoutants, talentueux. Gros coup de coeur sur Timothé Chalamet (un électron libre liant toutes les filles March tout en subissant leur désir féminin et non l'inverse pour une fois) et Florence Pugh, deux étoiles montantes sur le point de s'emparer d'Hollywood. Ils incarnent tous à merveille des personnages bien écrits, passionnants à suivre et arrivant à représenter parfaitement la situation des femmes de l'époque. Le discours féministe est bien présent, très apparent mais est montré de façon subtile et sincère. Il y a quelque chose de poétiquement fragile qui me plait beaucoup dans ce film, une sorte de fatalité mais aussi d'espoir. En plus de témoigner d'une certaine époque avec sobriété et justesse, Les Filles du Docteur March livre une ode à l'art et à l'acte de création, interrogeant constamment le rapport à l'oeuvre, à la vie et aux sentiments. Le récit adopte une construction narrative travaillée mélangeant plusieurs périodes, ce qui dynamise l'impact des scènes émotionnelles tout en créant l'aspect fresque familiale en seulement 2h. Cet effort de narration permet de produire un souffle rafraichissant et envoutant sur l'intrigue qui, même s'il raconte des marivaudages déjà vu, transforme de simples flirts en véritables tragédies digne de la mythologie grecque. Ca sonne juste, les sentiments sont vrais et le montage procure au film une vraie force et une originalité. Je conseille vivement ! Sans être inoubliable pour autant, il arrive à émouvoir quand il le faut en touchant juste tout en livrant un vent de féminisme et une représentation de l'art des plus réjouissante tout en dépeignant une société arriéré.

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Une oeuvre entière, apaisante, envoutante pour une fresque chinoise impressionnante de réalisme et de beauté. En suivant une famille sur un temps (im)précis mais ressenti et concret, le long-métrage arrive à traiter de sujets sociétaux importants comme l'approche dépassée des mariages arrangées, les problèmes de gangs et de jeux d'argents clandestins ou encore la révolution urbaine que subit le pays et comment cela affecte ses habitants. Xiaogang Gu dépeint des personnages complexes, vrais et ambigus en mettant leur vie à l'écran mais aussi en dehors en donnant autant d'importance au hors-champ et aux séquences absentes que à celles qui apparaissent sous nos yeux. Tel l'eau qui s'écoule constamment de la rivière, il arrive à multiplier les points de vues et à basculer de l'un à l'autre naturellement sans que l'on puisse s'en apercevoir. Il donne donc une impression de vie et de temps inédits. Mais ce sera véritablement dans sa mise en scène qu'il excellera en rendant compte d'une maitrise absolue de sa caméra, de la composition et de la gestion du décor. Tout est réfléchit et approfondit ce qui se dit dans le récit. Soigné, zen, important, Séjour dans les monts Fuchun constitue un exploit quand on voit que c'est son premier film et augure que du bon pour les deux prochains volets.

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https://www.senscritique.com/film/Invisible_Man/critique/182138013

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On peut l'on dire ce que l'on veut, c'est quand même un sacré bon film, emprunt d'une nervosité, d'une tension dramatique et d'une dimension tragique grandissant au fil des minutes. Le personnage est défini dès le début par cette addiction à l'argent qui va l'entrainer dans un engrenage infernal où tout devient pire. Le spectateur ne peut qu'assister à cette chute inévitable non pas sans mal car le personnage interprété d'une manière viscérale par Adam Sandler est aussi très humanisé avec des séquences en famille ou avec son amante. Son cailloux mystérieux, sa gem, semble être tout droit sorti d'un récit mythologique, donnant des pouvoirs mais prenant beaucoup en contrepartie. La mise en scène nerveuse et le montage dynamique maintiennent le rythme et font ressembler le film à une course contre la montre assez stressante. Néanmoins, j'avoue de manière complètement subjectif que je n'aime pas ce type de mise en scène, constamment à l'épaule, caméra tremblante et gros plans approximatifs. Cela marche très bien pour insuffler une tension et une immédiateté inquiétante à certaines séquences mais peut aussi en desservir au niveau de la lisibilité et de l'efficacité, à l'image de cette séquence de kidnapping en voiture, tout sauf agréable et intéressante d'un point de vue cinématographique, beaucoup trop découpé et confuse. La direction artistique est soignée et appréciable, balançant entre néons et décors sombres. Je conseille donc de voir Uncut Gems pour sa nervosité ambiante qui ne laissera personne indifférent et pour cette descente aux enfers du personnage qui va toujours plus loin dans son obsession, très bien développé et caractérisé. Et puis, enfin un bon rôle pour Adam Sandler !

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Vu dans le cadre du Prix France Culture des étudiants 2020
Très beau documentaire, pertinent et percutant dans son propos. Je ne connaissais pas Gilles Caron et je pense qu'il est très important que le plus de gens possible voient cette oeuvre pour apprendre quel homme il était. Mais Histoire d'un regard dépasse bien plus l'homme qu'il représente, le film offre une réflexion sur le rôle d'un photographe, sa posture et sa responsabilité face à ce qu'il capture ainsi qu'une analyse de l'image en elle-même, décortiquant ses pouvoirs comme on compterait les talents d'un enquêteur. Car oui, ce documentaire met avant tout en avant une enquête passionnante et très bien ficelé où le réel rejoint presque le fiction, où nous arrivons presque à construire le biopic de Gilles Caron dans notre tête. Son destin tragique, sa passion, ses angoisses, tout a été retrouvés et ré-assemblés. Le travail de documentation est énorme et l'impact/poids de l'image est bien présent. Plus qu'une restitution d'une réalité passée, les photos du photographe sont des documents historiques, inestimables, rendant honneur aux disparus et rappelant aux survivants ce qu'il s'est passé. Une oeuvre important à voir, à la qualité indéniable qui réussit haut la main son pari !

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Après son très bon Dogman que j'ai eu l'honneur d'avoir vu à Cannes, j'étais intrigué par ce projet ambitieux et artistique. J'avais visionné la bande annonce qui m'avait donné encore plus envi de le voir. Résultat: Pinocchio est ce que devrait être chaque remake live action de Disney, une oeuvre qui en plus d'avoir du coeur, est une relecture de l'histoire avec de vrais partis pris autant narratifs que esthétiques. Malheureusement, cela me semble être qu'un doux rêve qui ne se réalisera jamais vu le profil que tire les studios avec leurs films inutiles. Mais revenons à Matteo Garrone qui dote son film d'une douce mélancolie et de l'innocence même de son personnage. Le voyage initiatique de Pinocchio est fait de multiples rencontres, toutes plus passionnantes les une que les autres. Ce qui est vraiment touchant, c'est que le réalisateur arrive à capter ces personnages absurdes et extravagants de manière tendre et sensible, il met en scène des rebus de la société, des personnes qui ne rentrent pas dans les cases et montrent leur fragilité tout en mettant à l'honneur leur singularité. Même Pinocchio veut lui aussi être normal mais il s'apercevra qu'il ne peut le devenir que s'il accepte ce qu'il est. La mise en scène est belle et soignée, sans parler de la direction artistique qui met au tapis toutes les dernières adaptations de Disney et prouve qu'un auteur derrière une oeuvre est ce qui peut arriver de mieux. De même pour les effets spéciaux et le design des personnages que j'ai trouvé incroyable, le maquillage donne un véritable uppercut aux effets numériques. Les acteurs sont tous très pertinents. Il manquerait juste plus d'enjeux et de puissance dramatique à ce film pour décoller mais j'admire le choix de son réalisateur d'aller à contre-courant et de justement axé son film sur une errance poétique. A Voir.

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Avant-première à CINEMED
Après El Reino, Rodrigo Sorogoyen livre un drame saisissant de pesanteur, plongeant le spectateur dans l'esprit de cette femme tourmentée en quête de son fils. La première séquence, livrant un des nombreux saisissants plans séquences du film, est étouffante au possible et place le contexte en temps réel. Le rythme, très lent, accentue la lourdeur de l'intrigue et permet aux spectateurs de se sentir comme la "madre". Pour sa mise en scène, les grands angles, pas toujours justifiés, peuvent devenir rapidement répétitifs et installer une sorte de caricature de son cinéma qui fonctionne ici beaucoup moins qu'avec El Reino. Le film comporte également quelques longueurs et pourrait être raccourcit pour gagner en impact. Le personnage principal est bien écrit et sa relation avec le jeune garçon marquant, instaurant un malaise qui ne fait que semer le doute dans la tête du spectateur. Une oeuvre profondément psychologique et montrant une thérapie pas comme les autres !

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Une oeuvre singulière mélangeant le genre historique, le drame et l'horreur resserrée sur une intrigue intimiste et envoutante. Il est dommage que le récit mette trop de temps à vraiment démarrer, installant le contexte mais ne profitant pas de ce temps là pour développer les personnages, grossière erreur pour la suite. En effet, ils resteront que des stéréotypes ou du moins des silhouettes sans profondeur ou une psychologie forte. C'est d'ailleurs pour cela que l'émotion censée arriver vers le spectateur reste distante et froide, privant le long-métrage d'une puissance émotionnelle qui aurait pu faire de lui un grand film. Il n'en reste pas moins que la mise en scène instaure une véritable lenteur pesante et oppressante par moment, réussissant comme tour de force de jouer avec les codes de l'horreur sans pencher dans le cliché. Encore mieux, une force poétique émerge des images et de la direction artistique, aussi soignée que magnifique. Saisir l'épouvante et le fantastique en les plaçant dans un contexte historique actuel est une brillante idée, permettant d'ajouter de la véracité et d'accentuer cette impression de réel par un imaginaire collectif convoqué. Il y a de vraies bonnes idées tant au niveau de l'écriture, de la représentation et du montage mais ces séquences marquantes et jouant sur les genres sont malheureusement trop rares et arrivent trop tard pour s'imposer. Le long-métrage tombera dans d'ailleurs dans quelques travers notamment sur la toute fin, retombant dans le banal alors que l'atmosphère précédente suffisait amplement. Un bon film donc, jonché de petits défauts qui le rend "juste" intéressant.

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Assez surprenant ce film dans le sens où il ne va pas du tout là où on l'entend et c'est assez bien joué de la part d'Eric Lartigau, quoiqu'un peu risqué. Enlevez vous toutes les idées préconçues que cela serait une comédie romantique populaire français, c'est d'ailleurs tout le contraire. Comme l'avait si bien fait récemment Klapisch avec son Deux Moi, #Jesuislà interroge sur ce qu'est une vraie rencontre, livrant une réflexion sur la façon de percevoir la vie et dénonçant cette société actuelle avec l'omniprésence d'écrans où personne n'arrive à se voir et où l'on préfère fantasmer une personne plutôt que de la rencontrer. J'avoue voir été surpris par certaines très belles scènes d'un point de vue visuel et poétique, accompagnées d'une mise en scène inventive ou en tout cas intelligente (double reflet, visage dans la brume, le squash imaginaire). La direction artistique est également travaillée, c'est donc dommage que les mouvements de caméra et le sens du cadrage restent encore trop traditionnels et auraient pu aller plus loin pour accentuer le propos (flou pour montrer le décalage). Le film est aussi maladroit dans les transitions émotionnelles de son personnage (tout sauf subtiles) et dans la façon de définir son décalage par rapport au reste du monde (répétitivité du dispositif consistant à le montrer absorbé par l'écran). Il n'empêche que le récit marche assez bien dans la façon de nous orienter vers ce qu'il semble être une destination avant de nous révéler le vrai sens de l'histoire, beaucoup plus profond. Le message me plait beaucoup, certes représenté explicitement, mais avec du coeur et de la tendresse et Alain Chabat y est pour beaucoup, attachant et émouvant en cinquantenaire amoureux. Vous l'aurez compris, la dénonciation des relations humaines via les réseaxu sociaux et la réflexion sur l'importance du contact des gens et de la sociabilité m'ont attirés et je conseille finalement ce nouveau film d'Eric Lartigau, curieux mélange entre Deux moi, Lost in translation et Le Terminal qui réussit étonnamment à séduire malgré son rythme lent.