23
7.1
23

Album de Blonde Redhead (2007)

Avant même la parution de ce nouvel album de Blonde Redhead son septième , la polémique fait rage dans les rangs des initiés. On y entend dire que le trio new-yorkais aurait définitivement troqué sa pop bruitiste et frontale contre une musique de pacotille, dissimulé sa brutalité sous des effets édulcorants, et on le compare déjà le plus sérieusement du monde à un croisement entre My Bloody Valentine et... Mylène Farmer ! Bref, puisque les fans de la première heure se chargeront toujours mieux que quiconque de crier au parjure et de brûler ses idoles sans aucune autre forme de procès, rendons à leur place justice à ce nouvel essai. Car, pour notre part, on accueille plutôt la récente immédiateté de Blonde Redhead, déjà amorcée en 2004 sur Misery Is A Butterfly, le premier Lp pour l'écurie 4AD, comme une bonne nouvelle, mais aussi comme une preuve incontestable d'audace et de sincérité. Une réussite quasi totale, avec en point d'orgue cet irrésistible Silently au beat disco insidieux et sa progression de guitares et claviers (nappes et handclaps) enveloppante. Ailleurs, l'angoisse est toujours palpable, mais les ténèbres sont désormais baignés d'une lumière spectrale (Dr Strangelove, The Dress), lorsqu'ils ne laissent pas carrément apparaître une porte de sortie irradiée par le jour (SW chanté par Amadeo et son pont de cuivres). La voix de Kazu Makino, si elle est toujours aussi fragile, s'amuse moins de se voir constamment malmenée et brisée, et joue enfin les cartes de la suavité et de l'espièglerie (Top Ranking). Enfin sorti de sa chrysalide après plus de dix ans de carrière, le groupe vient habilement de se réinventer. Et ce papillon n'a rien de misérable.(Magic)


Après deux albums très noise, Blonde Redhead et La mia vita violenta, sortis sur Smells Like Records, le label du batteur de Sonic Youth, le groupe rejoint le légendaire label Touch & Go de Chicago. Fake Can Be Just as Good, qui sort en 1997, avec ses rythmiques explosives et accidentées, leur assure une reconnaissance internationale. 

Sorti en 2004, Misery Is a Butterfly, leur avant-dernier album à ce jour, constitue un autre tournant dans la discographie du groupe. Coïncidant avec un deuxième changement de label, vers le ténébreux 4AD, il dessine une nouvelle orientation musicale : finie la furie sonique, place à des paysages sonores empreints de noirceur et de mélancolie, à des atmosphères étranges et oppressantes.
Une tournée pharaonique s'ensuit, qui laisse le groupe épuisé, presque écœuré d'avoir trop joué son disque. Pour 23, leur nouvel album enregistré à Brooklyn, dans le même studio que leurs potes TV On The Radio, le groupe a, pour la première fois, composé de manière séparée. Une séparation qui a porté ses fruits.
Emmené par les vocaux éthérés et aériens de Kazu qui évoquent, c'est selon, Gainsbourg ou Mylène Farmer époque Maman a tort (la chanson-titre, 23), le disque continue d'explorer les contrées noires et décadentes de Misery Is a Butterfly, mais trouve un nouveau souffle en cessant de rechercher systématiquement les harmonies classiques. Il renoue également avec les murs de guitares à la My Bloody Valentine, les autoroutes krautrock (Spring and by Summer Fall, un des meilleurs titres du disque) et la liesse pop (le très sixties Silently, qui lorgne du côté des Supremes). Le trio signe avec 23 un grand disque de pop moderne, envoûtante et cinématique, qu'il faudra absolument découvrir sur scène : les trois Blonde s'y transforment en animaux sauvages.(Inrocks)


Après avoir tutoyé les sommets il y a trois ans, le trio new-yorkais accouche d'une méthode radicale pour redescendre sur le plancher des vaches. "23" se voit confier la lourde tâche de succéder à "Misery is a Butterfly", ce qui en d'autres termes revient à dire qu'il n'y aura pas de second miracle. Où est passée la magie d'alors ? Partie en fumée avec les mélodies graciles et surannées qui imprimaient leur marque indélébile quasi instantanément. Que reste-t-il du dialogue épique entre les voix délicieusement angoissées de Kazu Makino et d'Amedeo Pace ? En lieu et place, ce disque nous sert une resucée sans relief sur une production chantilly nappée de miaulements de chats égarés. Au risque de choquer, il faut bien avouer que Blonde Redhead s'est mis en roue libre sur ce coup-là. Certes, ce n'est pas un disque épouvantable à mettre au rebut car il conserve sur plusieurs titres l'éclat d'une écriture éprouvée. Prenez "Publisher", par exemple, composition claustrophobe à souhait, "Héroïne" aussi, où Kazu redevient cette sirène étrange capable de nous glacer le sang sur une inflexion de voix, "Top Ranking", enfin, qui balance une mélodie pop efficace et sans chichis. Mais à l'image du single "23" pas mauvais en soi, il faut s'accommoder de la purée de pois à la place des voiles mélancoliques qui habillaient jadis d'un romantisme sombre les compositions du groupe. En forçant le trait, Blonde Redhead confond épaisseur et profondeur. Il perd du coup cette fragilité cristalline qui faisait sa force depuis "Melody of Certain Damaged Lemons". Sans doute la fin d'un cycle qui impose au trio de se renouveler dare-dare. Au vu de leurs états de service, le challenge ne devrait pas les impressionner.(Popnews)
Misery is a Butterfly" aurait pu être le meilleur album de Blonde Redhead, et ç'aurait été déjà pas mal. Mais il est devenu bien plus que celà, un disque qui a propulsé le trio à des sommets que peu les auraient soupçonnés capables d'atteindre, qui a imposé un son à la fois évident et complexe au service de mélodies ciselées et étourdissantes. Les pronostics allaient donc bon train pour savoir si "23" marquerait un retour à la simplicité des débuts ou serait à la hauteur de son prédécesseur.

Le morceau titre placé en ouverture, tout comme Dr Strangeluv apportent très vite la réponse : on retrouve la même densité sonore, presque un mimétisme par moments dans les lignes rythmiques ou le travail sur les voix, notamment les morceaux chantés par Amedeo Pace, avec un côté plus direct dans les arrangements et les mélodies, une plus grande volonté d'efficacité diront certains, sensible sur Spring And By Summer Fall par exemple. Mais on ne parlera pas de redite, car beaucoup voyaient leur opus précédent comme une sorte d'"accident merveilleux" qui resterait un acte isolé ; or Blonde redhead réussit avec "23" à prouver qu'ils sont bien les dépositaires d'un des sons les plus originaux du moment, et d'une écriture qui fait la part belle à des mélodies à la fois urgentes et profondes auxquelles il est difficile de rester insensible. Mention spéciale à The Dress, qui se développe au fur et à mesure et ou le chant presque chuchoté de Kazu fait merveille, et à S.W.Il faut néanmoins dire aussi que "23" n'atteint pas la poésie de "Misery is a Butterfly". Le côté plus direct des morceaux se fait parfois au détriment d'éléments qui donnaient une dimension onirique supplémentaire à leurs compositions. On a aussi un peu l'impression que Blonde Redhead a fait le métier sur huit morceaux et que les deux derniers se traînent un peu, surtout My Impure Hair, ce qui est gênant pour un album assez ramassé. Mais si l'on considère globalement les enjeux que représentait cet album pour le groupe, ils passent le cap avec aplomb et talent, et c'est peut-être bien là l'essentiel. (indiepoprock)


Après avoir tutoyé les sommets il y a trois ans, le trio new-yorkais accouche d’une méthode radicale pour redescendre sur le plancher des vaches. "23" se voit confier la lourde tâche de succéder à "Misery is a Butterfly", ce qui en d’autres termes revient à dire qu’il n’y aura pas de second miracle. Où est passée la magie d’alors ? Partie en fumée avec les mélodies graciles et surannées qui imprimaient leur marque indélébile quasi instantanément. Que reste-t-il du dialogue épique entre les voix délicieusement angoissées de Kazu Makino et d’Amedeo Pace ? En lieu et place, ce disque nous sert une resucée sans relief sur une production chantilly nappée de miaulements de chats égarés. Au risque de choquer, il faut bien avouer que Blonde Redhead s’est mis en roue libre sur ce coup-là. Certes, ce n’est pas un disque épouvantable à mettre au rebut car il conserve sur plusieurs titres l’éclat d’une écriture éprouvée. Prenez "Publisher", par exemple, composition claustrophobe à souhait, "Héroïne" aussi, où Kazu redevient cette sirène étrange capable de nous glacer le sang sur une inflexion de voix, "Top Ranking", enfin, qui balance une mélodie pop efficace et sans chichis. Mais à l’image du single "23" pas mauvais en soi, il faut s’accommoder de la purée de pois à la place des voiles mélancoliques qui habillaient jadis d’un romantisme sombre les compositions du groupe. En forçant le trait, Blonde Redhead confond épaisseur et profondeur. Il perd du coup cette fragilité cristalline qui faisait sa force depuis "Melody of Certain Damaged Lemons". Sans doute la fin d’un cycle qui impose au trio de se renouveler dare-dare. Au vu de leurs états de service, le challenge ne devrait pas les impressionner. (popnews)

bisca
7
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le 13 mars 2022

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