Trop d'anachronismes : elle est apocryphe l'anecdote que nous aimons tant. Jimy Hendrix aurait répondu : "Je ne sais pas, demandez à Rory Gallagher" à la question : "Qu'est-ce que ça fait d'etre le meilleur guitariste du monde ?".
Jimy est mort en septembre 1970 et Rory commence sa carriere solo en 1971. Va-t-on nous dire que Hendrix reconnaissait déjà le talent à nul autre pareil de Gallagher alors que celui-ci était encore dans le groupe Taste à la fin des anées 60 ?
Même si je trouve que personne n'a jamais fait mieux dans le rock que ce qu'on entend dans Irish Tour 74 avec les deux solos de guitare interminables de Walk on Hot Coals, même si je trouve que peu arrivent à égaler le blues de A million Miles Away ou de I wonder Who, je ne peux pas dire que des années plus tôt, dans les morceaux de blues rock celtique tourmenté du groupe Taste, pour attachants qu'ils soient, Gallagher pouvait déjà rivaliser comme guitar hero avec Hendricks, Jeff Beck ou Jimmy Page.
Mais l'anecdote circule, pas seulement parmi nous autres, admirateurs inconditionnels. Et si elle est invraisemblable, il y a du vrai : il devint le meilleur guitariste de rock et de blues de l'époque...
Si sa voix et son chant étaient magnifiques, Gallagher me donnait l'impression de ne les utiliser que pour accompagner ses instruments, comme si chanter (si bien, de maniere si émouvante) était un élément d'appoint dans la relation particulière qu'il avait avec ses guitares (et surtout la vieille stratocaster que nous retrouvions de concert en concert - en avait-il plusieurs ?).
Il y a eu nombre de concerts et d'albums live apres le Irish Tour 74.
J'en ai vu quelques uns à Paris et aussi celui du Montreux Jazz Festival de 1979, où il passait après Champion Jack Dupree, pianiste et chanteur avec un diamant étincelant dans un coin de son sourire, et avant Albert Collins et les Icebreakers. Ce concert là fut spécial. D'abord immobilisé par un public sagement assis parterre, j'en vins à me lever du fond de la salle et à trébucher sur les gens jusqu'à la scene pour prendre Gallagher dans mes bras (Je ne fais pas le malin : le service d' ordre en Suisse était bisounours. Si j' avais tenté la même chose à Paris je me serais fait casser un bras et jeter sur le bitume en moins de deux).
Il y eut 3 rappels et un de plus du public chauffé à blanc, un rappel sans fin, même apres que Albert Collins fut entré en scene. Cela obligea Rory à revenir et c'est ainsi qu'on eut une jam session entre les trois bands de la soirée (Dupree, Gallagher, Collins).
Ce concert compte pour moi évidemment eh bien sachez-le, pour la musique, aucun de ceux auxquels j'ai assisté y compris celui-là, n'égale ce qu'on entend dans le Irish Tour 74.