Il y a des albums qui ne racontent pas une histoire : ils en deviennent une. Maraqopa, c’est cela. Un disque qui se dérobe sous les doigts comme un rêve au réveil, mais qui laisse, dans son sillage, une lumière étrange et persistante.
Damien Jurado y explore une terre imaginaire — ou peut-être intérieure — avec la délicatesse d’un poète et l’audace d’un funambule. Sa folk s’ouvre ici à des teintes psychédéliques, des échos lointains de soul, des claviers brumeux, comme si Nick Drake s’égarait dans un vieux film de science-fiction. La production de Richard Swift est un écrin parfait : feutrée, organique, presque hantée.
La voix de Jurado, toujours au bord de la rupture, murmure plus qu’elle ne clame. Chaque mot semble pesé, chaque silence, choisi. On ne comprend pas toujours ce qui se trame dans Maraqopa, mais on le ressent profondément — et c’est peut-être là l’essentiel.
Si tout n’est pas d’une limpidité absolue, c’est que l’album préfère la suggestion à l’évidence. Et c’est aussi pourquoi il ne peut prétendre, selon moi, au chef-d’œuvre total. Mais à 8/10, il tutoie l’essentiel : ce point rare où l’intime devient universel, où la musique ne dit pas, mais révèle.