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Continuité et réappropriation de la franchise Bond

Spectre, réalisé une nouvelle fois par Sam Mendès, est un nouveau James Bond qui allie action,humour et explication de texte. En effet, le réalisateur a tenu à creuser ce sillon qui explore le passé du mythique espion britannique et donc ses origines. Depuis Christopher Nolan ou la manière de resituer les comics au cinéma, chaque héros/héroïne a droit à ce traitement.C'est aussi une manière de se réapproprier une franchise et de la renouveler pour ne pas qu'elle s'essouffle. Dans la bible James Bond, chaque spectateur a en tête les bad guys des organisations secrètes (Dr No, Blofeld, le Chiffre entre autres), certaines James Bond girls (Moneypenny et les autres) ainsi que les visages successives de Q et M. Aujourd'hui, le principe est de conserver leurs auras tout en les amenant ailleurs. C'est une entreprise risquée car l'identité majeure de ces protagonistes doit aussi être en cohérence avec les années 2010, période où les nouvelles technologies et le terrorisme ont supplanté les micro-conflits entre espions de différentes nationalités. Tout cela,Sam Mendès la saisit et propose avec Spectre une certaine continuité romanesque pour captiver le spectateur et le mette face à des enjeux plus inédits. Spectre est donc un film multiple,plutôt réussi qui ne renie pas non plus l'esprit des aventures de James Bond depuis le premier film de 1962 (eh oui,déjà).
Dans le film même, Sam Mendès en ne choisissant pas une narration linéaire et quelques ellipses décide de "malmener" les spectateurs pour que l'histoire fasse sens. Cela marche trés bien dans la relation entre Franz Oberhaüser et James Bond puisque leur histoire s'avère contrariée depuis un bout de temps (accepterez vous cette nouvelle révélation?). Par contre, ce dispositif n'est pas vraiment approprié pour des éléments clés de l'intrigue ( par exemple la "relation douteuse" entre Oberhaüser et un éminent responsable des services secrets britanniques). C'est ce que n'a pas aimé les premiers critiques dans les médias en disant qu'ils se voyaient proposer d'emblée d'accepter certains postulats sans que ces derniers soient développés. Je les comprends même si le cinéma actuel a décidé de ne plus trop téléphoner les actions et les personnages pour faire réfléchir un peu les spectateurs. Doit on stigmatiser cette approche pour autant?
Au niveau de la prestation de Léa Seydoux, je la trouve épatante puisqu'elle incarne une James Bond girl new wave et qui prend le relais d'une certaine Vesper Lynd (voir Casino Royale). Une façon de montrer aussi que ce James Bond aime les femmes de caractère qui ne se donnent pas à lui tout de suite. Je ne comprends pas du tout les déchaînements critiques sur Seydoux dans Spectre.Au delà d'être une actrice "made in France" dont les choix de carrières s'avèrent pourtant judicieux ( et que les réalisateurs étrangers s'arrachent), elle campe Madeleine Swan dans l'action, le verbe et les postures et elle forme un bon tandem de choc avec Daniel Craig. La jalousie de certains critiques utilise parfois certains détours foireux pour se payer la tête d'une actrice de valeur.Une mention spéciale également pour Christopher Waltz qui apporte sa touche personnelle sur le cerveau du Spectre tout en n'en faisant pas des tonnes.
Je vous conseillerais Spectre si vous aimez l'idée qu'un agent secret soit en phase avec son époque. Je vous incite à le voir si vous pensez que les bases d'une franchise peuvent être revisitées et mises au goût du jour. Si vous ergotez sur la moindre proposition dramatique et avez la nostalgie d'un certain modèle de James Bond, n'y allez même pas. Pour reprendre le titre d'un ancien Bond, demain ne meurt jamais et il n'a jamais aussi bien collé à l'esprit de l'entreprise mise en route par Sam Mendès.

Specliseur
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le 18 nov. 2015

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