28 ans plus tard par Gilles VE

Les amoureux de Danny Boyle ne seront pas déçus sur un point: on retrouve l'ambiance super british de tous ses films ;-)

Tout le début sur l'île jusqu'au rite initiatique avec le gamin (Spike) et le mystère autour de l'alpha est bien, même si pas fan de proposer cette idée de super zombie dans l'univers des 28 x plus tard.

Quand ils quittent l'île et progressent sur le "main land" avec en fond sonore l'enregistrement original de 1915 du poème Boots de Rudyard Kipling (qui signifierait le "retour au chaos") est super bien amené et très oppressant. On l'avait déjà senti dans le trailer.

Mais au final, le film m'a paru bien jusqu'au moment où le gamin demande ce qu'est le feu à l'horizon qui est une ficelle grossière pour justifier le fait d'y aller plus tard.

Pour le reste, ça n'a rien à voir avec un film de zombie et plutôt un espèce de fourre-tout, entre rite initiatique et folie.

Pêle-mêle:

• J'ai eu un peu de mal avec les plans de caméra en général, sans pouvoir l'expliquer, un feeling... bizarre, je me suis fait plusieurs fois la réflexion que d'autres réalisateurs n'auraient pas filmé telle scène sous tel(s) angle(s) ou utilisé tel ou tel traveling. Et certains plans étaient volontairement très très brouillons, des scènes hachées bizarrement, il faut accrocher à ce style.
• Certains effets comme la frame qui saute à chaque fois qu'un "zombie" se fait toucher par une flèche
• Des effets visuels comme le ciel futuriste de toutes les couleurs avec la voie lactée. J'imagine qu'il y a tout un thème (le rêve?) que Boyle a voulu aborder avec la traversée jusqu'au retour dans le camp. La poursuite sur le chemin immergé jusqu'au camp avait d'ailleurs un côté très onirique.
• La défense à l'entrée du camp sur l'île qui m'a paru extrêmement légère compte tenu de la menace.
• L'arc du médecin ne fonctionne pas pour moi. Je ne sais pas si c'est le développement de son personnage ou le côté "collecte de morts/construction avec les os" qui est vraiment de trop dans récit. Dans mon inconscient j'aurais peut-être plutôt vu ça avec une tribu cannibale (coucou Cannibal Holocaust) et probablement pas dans les proportions proposées par 28 ans plus tard.
• l'histoire des alphas ça passe à la trappe (sauf pour justifier juste une scène avec Erik qui va justifier une scène avec le docteur).
• la scène de l'accouchement (vraiment...???)
• le personnage d'Erik qui est lourdement caricaturale. Et sa présence m'a donné l'impression de n'avoir été là que pour justifier un fil narratif plus tard: d'abord avec l'alpha dans le train qui garde la tête trop longtemps (tout le monde s'est fait la réflexion...) et puis, évidemment, cet élément bizarre justifie ensuite un autre fil avec le docteur pour prolonger le thème du rite initiatique avec Spike. Mais franchement ça aurait pu se faire avec n'importe quel autre crâne chez le docteur, pourquoi s'être emmerdé avec tout ça ??? Probablement qu'il fallait un personnage qui ait une certaine valeur émotionnelle pour Spike et que Boyle s'est dit qu'il allait ajouter un personnage très temporaire qui lui sauve la vie pour justifier un minimum d'accroche émotionnelle sur le fait de poser son crane quelque part et que ça ait un sens pour Spike. Mais... en fait cette idée est juste pauvre, scénaristiquement parlant. Le personnage d'Erik est complètement inutile dans le récit et ses scènes révèlent en plus grossièrement les intentions de Boyle. Le docteur aurait pu créer une accroche émotionnelle avec n'importe quel crane en racontant l'histoire d'une personne qu'il aurait pu connaitre et demander à Spike de placer le crane et de lui expliquer memento mori et basta, on se serait pas emmerdé avec le très maladroit (et mauvais) récit d'Erik.
• la scène où Spike se retrouve au sommet de la montagne d'os pour y placer le crâne de sa mère est CRINGE A MORT. Sérieux le bisou sur le crane... et puis tourner le crane vers le levé du soleil et le regarder ensemble: dégage Danny, c'est vraiment de trop.
• la tronche de la bande à Jimmy, fantasques guignols avec des costumes haut en couleur (histoire de cette fois relancer le thème de la folie, ça a bon dos pour faire n'importe quoi) et... ninjas de surcroit. Ce qui a, en plus, subitement laissé place à des plans de caméras qui n'avaient jamais été utilisés dans le film, misère.

Bref, ça fait un peu beaucoup.