Frère des ours
6.6
Frère des ours

Long-métrage d'animation de Aaron Blaise et Bob Walker (2003)

Il y a des milliers d’années, alors que les mammouths foulaient encore le sol de notre bonne vieille Terre, Kenai, un jeune indien, cherche à venger son frère, mort des griffes d’un ours, en poursuivant la bête afin de la tuer. Mais voilà qu’au moment où Kenai lui ôte la vie, son frère descend de l’au-delà pour le métamorphoser en ours, afin de lui apprendre à respecter cet animal qu’il hait plus que tout. Transformé en ours, Kenai va devoir s’adapter à vivre une vie radicalement différente et apprendre à voir le revers de la médaille…


De manière générale, plus on milite pour le respect de la vie animale, moins on fait usage de son cerveau. C’est ainsi que les écologistes les plus militants nous proposent parfois un renversement de perspective, qui serait cocasse s’il n’était aussi dangereux, visant à faire de l’homme un intrus sur cette planète, et sans lequel les animaux et la nature vivraient libres, heureux et indépendants. Fort heureusement, Frère des ours ne va pas jusqu’à cette extrémité, mais cela n’empêche pas ses scénaristes d’avoir mis leur cerveau de côté pendant l’écriture du film...
Non pas que je souhaite insulter Tab Murphy, scénariste principal du film, à qui on doit les réussites du Bossu de Notre-Dame, de Tarzan et d’Atlantide, l’empire perdu, mais il est assez pathétique de constater par quelles énormes ficelles l’intrigue de Frère des Ours tente de nous montrer l’homme comme un prédateur cruel et monstrueux face auquel l’ours n’est qu’un animal innocent qui ne demande rien d’autre que vivre heureux avec ses semblables, culminant dans un happy end aussi artificiel qu’imbécile.
Si, toutefois, l’on est prêt à fermer les yeux sur la morale bête et sirupeuse qui en découle, on pourra certes apprécier un film d’animation superbe. De fait, les animateurs Disney nous proposent là un de leurs films les plus somptueux, aux décors grandioses et aux graphismes d’une élégance que n’égale que leur délicatesse. Le cadre de l’Amérique du Nord préhistorique se révèle en effet un terrain de jeu idéal pour les animateurs, qui en profitent pour nous offrir une aventure aux couleurs chatoyantes et à la beauté plastique d’une perfection certainement inégalable.
Dommage que le rythme, lui, ne soit pas de la partie. Car en effet, malgré un scénario à très fort potentiel, ce qui étonne le plus, c’est la passivité des personnages face aux événements. Hormis Sitka, le frère mort qui agit depuis l’au-delà, aucun personnage n’a une quelconque influence sur le récit, se contentant de subir les quelques péripéties qui lui tombent dessus.
Certes, tous les personnages ne sont pas mal écrits, et on ne peut que louer le terrible retournement qui approfondit d’un coup la relation entre Kenai et le petit ourson Koda, d’une belle audace, mais c’est sans compter sur le compositeur Phil Collins, qui profite d’une scène à la portée émotionnelle intense pour venir nous asséner une de ses soupes musicales, brisant toute l’émotion qui commençait à poindre.
A cette image, Frère des ours nous montre régulièrement le chef-d’œuvre qu’il aurait pu être en prenant constamment un malin plaisir à s’autodétruire, guère aidé par un scénario franchement pas original pour deux sous (tout le monde aura reconnu le script de Kuzco repris sur un mode plus sérieux). Cela n’aurait peut-être pas été si grave si un humour totalement déficient ne venait plomber régulièrement un film qui n’en avait nul besoin par des sidekicks tous aussi inutiles et idiots les uns que les autres.
C’est ainsi que malgré une magnificence visuelle qui ne se dément jamais pendant une heure et demie, Frère des ours symbolise ce que les studios Disney nous ont offert de plus pauvre. Pour des films relativement similaires mais bien plus réussis, subtils et profonds, on préférera se tourner vers L’Âge de glace (dont la subtilité est certes ponctuelle) ou vers Le Voyage d’Arlo.

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le 29 août 2018

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Tonto

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