Avec Le Plaisir Max Ophüls adapte trois nouvelles de Guy de Maupassant.
Dans "Le Masque", un vieux séducteur porte un masque pour entretenir l'illusion de sa jeunesse. Dans "La Maison Tellier", les pensionnaires d'une maison close assistent à une communion. Enfin, dans "Le Modèle", nous assistons aux ravages du temps sur la vie d'un couple...
La rencontre du plaisir et de l'amour, du plaisir et de la pureté, puis du plaisir et de la mort comme nous le dit le narrateur qui fait le lien entre les trois nouvelles. Cette voix off est un des points forts du film : c'est comme si Maupassant - et donc par écho sa prose et son génie - s'adressait directement à nous.
Les réflexions sont nombreuses et foisonnantes : il est question des illusions perdues, du temps qui passe, de la recherche du bonheur... Et si le plaisir est une satisfaction immédiate - éphémère - des désirs, le bonheur, lui, est une notion plus absolue et moins fluctuante. Le plaisir permet il d'accéder au bonheur ? La sentence tombe, "le bonheur n'est pas gai" dira le narrateur pour conclure. En effet Ophüls a fait un film amer où regrets et désillusions nous attendent en bout de course.
La mise en scène, virtuose, est d'une grande sophistication : cadrages improbables, plans séquences magnifiques, omniprésence du décors ou des costumes (le tout avec un noir et blanc superbe). Par l'intermédiaire de sa caméra, Ophüls nous plonge dans tout ce petit monde à la fois curieux et insolite.
Le Plaisir, c'est du cinéma par petites touches, délicates et raffinées.