J'ai vu Louane aux Césars.

Quand j'ai vu le discours fabuleux de Louane aux Césars, je me suis dit Evy, cette fille est encore moins naturelle que la gueule de Rose McGowan. Je sais ce que vous vous dites, elle a eu un accident, ce n'était pas sa faute. Et je parle toujours de Rose, pas de Louane en 2015 pour le meilleur espoir féminin. Louane est meilleur espoir féminin comme Terrence Malick est le fils spirituel de Ken Loach. Blague de cinéphile, tu ne peux pas tester. J'ai vu la prestation de la fille qui ne s'enfuie pas mais qui vole, et je me suis fait la réflexion suivante : il me faut voir du cinéma que je déteste, je dois avoir mal. J'ai voulu me scarifier l'âme de cinéphile qui sommeillait en moi. Louane me donne l'envie d'avoir mal à mon cinéma. Et grâce à elle, j'ai eu mon premier orgasme Noéien. Blague de zoophile théologien.

Je voulais faire le malin. Je n'ai aimé aucun de ses films et j'étais prêt à le démonter, à le défoncer. Puis tout de même, une certaine grâce (le double jeu de mot le plus pété de l'histoire) s'élève de ses plans. Une certaine poésie s'émane des personnages. Quand même, sa réalisation est au profit de son message, et inversement. Certes, il y a du sperme. Mais, contrairement à ses autres films, ce n'est plus n'importe quel sperme. Le sperme de Love n'est plus seulement dégueulasse, vaniteux, misogyne, immonde (ce gif n'est pas à mettre entre toutes les mains, ne le regardez pas non plus en famille, ne déconnez pas putain.). Le sperme de Love est l'aboutissement, la résolution, l'état d'extase que tendent à vivre les protagonistes. Il est le nirvana tant choyé, le paradis du désir et la personnification, même si ce n'est pas une personne mais c'est tout comme, du bonheur. Le sperme est à Love ce que la poitrine est à Enora Malagré : indispensable pour connaître l'émancipation. Non, elle n'aime pas la femme objet et elle le montre.

Au-delà de l'aspect spermique du film, je trouve que chaque scène de Love apporte du crédit au propos et à l'amour représenté sous toutes ses formes : éternel, succinct, instinctif, dépravé, sublime, désincarné, transcendant. Dans Love, rien n'est caché, tout est à modeler, à interpréter. Si j'étais plutôt moqueur vis à vis de son cinéma qui m’apparaissait comme indigeste, mégalo, faussement irrévérencieux, j'ai trouvé deux choses qui se mariaient comme jamais dans son film : une âme et de l'intérêt. Et quand ces deux partis sont réunis, on est en droit de montrer un sexe plus gros que le mien à la caméra, même si ça me peine. C'est alors sans gravité. Encore plus lors d'une scène de plan à trois, sûrement la plus belle scène de sexe que j'ai pu voir dans ma vie, tant la photographie somptueuse rappelle la peinture, tant les mouvements rappellent les corps en symbiose totale pendant l'acte, tant les gestes effectués par les personnages rappellent la main dans le cul d'Adèle Exarchopoulos.

En définitive, ou en définitif, peu importe les mots tant Gaspar Noé réinvente un nouveau langage, le langage intemporel des âmes, celui de bon bref nique sa maman les envolées lyriques, ce film est la preuve, si il fallait encore le prouver car je l'ai toujours dit, que Gaspar Noé est capable de faire de grandes choses, de belles choses, tout en gardant sa passion pour le jeune pénis et les poils pubiens. Non Solange, tu fermes bien ta gueule de féministe. J'ai été cueilli, et ma note, et ma critique, sont le symbole même d'un avis qui change, en perpétuelle remise en question, sur le travail d'un réalisateur et sur ce qu'il peut apporter au cinéma. De là à apprécier le travail de Terrence Malick, laissez-moi un peu de temps.

Love n'est pas un chef d'oeuvre, mais malgré quelques excès de mégalomanie insupportables, il est la preuve qu'un réalisateur peut tenir une caméra et se masturber de l'autre main en même temps. Et rien que pour ça, 8 est amplement mérité, car il en faut du biceps et de l'abnégation.

J'ai beaucoup aimé Love et je recommande aux plus sceptiques de regarder ou d'écouter Louane pour se motiver. Ne jamais abandonner, et toujours garder l'esprit ouvert. Prenez soin de vous, allez voir des films. Ciao ! ;)