À couteaux tirés : digne successeur d’Agatha Christie

Après le plus que décrié Star Wars Épisode 8, Rian Johnson revient derrière la caméra avec un projet plus discret mais au casting néanmoins XXL : Daniel James Bond Craig, Chris Captain America Evans, Jamie Lee Curtis vue dans la saga d’horreur Halloween, Don Johnson vu tout récemment dans la série Watchmen, Katherine Langford vue dans 13 Reasons Why, Jaeden Martell vu dans la duologie Ça et Michael Shannon vu dans Man Of Steel.
Ce film choral quatre étoiles raconte la rocambolesque enquête du détective privé Benoit Blanc pour percer le mystère de la mort de Harlan Thrombey, retrouvé égorgé au lendemain de la soirée célébrant ses 85 ans.

En signant seul le scénario, Johnson livre un film dans la lignée de la romancière à succès : Agatha Christie. Le réalisateur offrira même un caméo télévisuel à la série télé *Arabesqu*e pour assumer son inspiration ; par conséquent, l’ambiance du film est extrêmement britannique, j’ai été assez stupéfait lorsque j’ai compris que l’action se déroulait au cœur du Massachusetts. Nous suivons logiquement l’enquête de l’énigmatique détective privé, interprété par un Daniel Craig plein de malice. L’originalité du récit réside dans ses multiples twists scénaristiques, sans vous gâcher la surprise, il vaut mieux être attentif et faire attention aux détails. Heureusement comme dans tous les films du genre, le dernier acte se charge d’éclairer toutes nos lanternes. Et l’exploit du film est ici, le scénario est assez complexe, ou tout du moins, digne de l’autrice britannique ; aucun aspect du scénario ne parait plus faible qu’un autre. L’ensemble est très constant et homogène et nous embarque sans problème. La réalisation s’émancipe petit à petit du genre et quitte le manoir familial, et donc l’aspect “huis clos”, pour varier les situations et éviter une éventuelle lassitude.

La mise en scène de Rian Johnson est assez inspirée ; en suivant le rythme de la bande originale de Nathan Johnson, les transitions sont vraiment étonnantes. La photographie est très léchée, les couleurs vives portées par les personnages contrastent avec les décors authentiques ; ceux-ci sont d’ailleurs les éléments les plus travaillés, ils fourmillent de détails. Par exemple, des paires d’yeux décoratives sont dissimulées dans le plan dès lors que l’enquête en cours est au centre des discussions, et rappellent que le détective privé épie les faits et gestes des suspects ; ou de nombreux couteaux apparaissent régulièrement à l’écran et font écho au titre d’une part, et au fil rouge. En somme, la réalisation est très très soignée, mais Johnson nous a habitué à ce niveau de qualité.

Les personnages sont clairement l’intérêt principal du métrage, au-delà d’une enquête policière, le film raconte aussi une histoire de famille. Où chacun garde de lourds secrets, et se battra pour toucher la part de l’énorme héritage laissé par Thrombey. Évidemment, avec treize personnages a présenté en seulement deux heures, ils peuvent paraître caricaturaux, mais restent malgré tout attachants, ou du moins intéressants, puisqu’une bonne partie est carrément détestable.

Pour avoir vu le récent Crime de l’Orient-Express sorti en 2017 et mis en scène par Kenneth Branagh, À couteaux tirés se présente comme son digne héritier mais a clairement un truc en plus. Il ne se contente pas de narrer une enquête mais cherche avant tout à raconter l’histoire de personnages. En revanche, si vous êtes hermétique aux enquêtes sur grand écran, vous allez probablement pas mal vous ennuyez devant ce film ; il reste néanmoins une très bonne porte d’entrée pour ceux qui souhaitent découvrir le genre.

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