Une histoire de compote.

J'aime assez Aladdin, l'original de Disney en 1992, il fait partie des classiques avec lesquels j'ai grandi. Cependant hormis certains éléments tels que Jafar, Iago et bien entendu le Génie, le film d'animation ne fait pas partie des Disney que j'adule. Alors dire que j'attendais cette version live serait mentir.

Néanmoins je dois bien reconnaître une chose, c'est que ne rien attendre de cette version filmée a finalement ses avantages, comme celui de ne pas être déçu. Au contraire Aladdin version 2019 est même une bonne surprise en fin de compte. Là où les héros du film d'animation m'ennuient, ici ils gagnent en épaisseur, notamment Aladdin à qui Mena Massoud, contre toute attente, confère une belle énergie et même du charisme. Idem pour Naomi Scott qui s'illustre bien en Jasmine, et comble du comble pour moi qui ne le supporte pas d'habitude : Will Smith incarne bien le Génie de la lampe en réinterprétant parfaitement le personnage. Bien entendu il n'est pas le regretté Robin Williams ni notre excellent comédien de doublage français Richard Darbois, mais Will Smith sous les traits du Génie et avec en VF Anthony Kavanagh, cela fonctionne sans aucun problème.

A contrario c'est Jafar, qui dans le film d'animation incarnait parfaitement la noirceur et le danger qui s'avère ici totalement transparent car trop caricatural. Marwan Kenzari en fait trop, clairement, il en rajoute des caisses ce qui vient gâcher tout le potentiel du personnage, déjà pas aidé par son costume. L'écriture du méchant ici fonctionne mais il n'a aucune épaisseur, juste une fonction et ça s'arrête-là. En revanche Iago conserve sa perfidie comique, et si le perroquet est plus proche de la réalité, il n'en demeure pas moins drôle. Un peu comme l'écriture générale du film qui fait grosso modo la même chose que pour la version live de La Belle et la Bête, autrement elle étoffe les protagonistes et leur histoire sans changer les lignes principales, sauf peut-être ici pour l'histoire de Jasmine qui s'inscrit dans une dimension féministe, à la barbe des anachronismes évidemment. Cela étant on ne va pas voir un Disney, surtout une version live d'un film d'animation, pour une quelconque véracité historique si ? Ah ? Bon tant pis.

En terme de mise en scène et de décors c'est coloré. Le film regorge d'ambiances et de couleurs diverses, ce qui n'est déplaisant à l'oeil même si certains décors sonnent faux et numériques. En revanche les idées artistiques, notamment le travail sur les bâtiments sont intéressantes et bien amenées, c'est l'exécution qui pêche parfois. Néanmoins dans l'ensemble le film est loin d'être laid à regarder. Même l'affreux génie bleu Canard WC des trailers s'avèrent convaincant. Un autre point sur lequel le film fonctionne également c'est en terme d'humour, et notamment en VF avec cette histoire de compote, sortie de nul-part. L'aspect comique et décalé de l'original est également conservé et heureusement puisque c'est ce qui fait tout le sel et la nature du Génie.

Aladdin n'est donc pas le fiasco que l'on pouvait craindre, en tout cas en ce qui me concerne. Toutefois je continuerais à défendre Dumbo qui jusqu'ici s'inscrit comme la meilleure version live avec Maléfique et je continuerais également à fustiger Le Roi Lion qui demeure, toujours donc, être une vaste blague.