Je ne vais pas faire long car ce serait faire trop d’honneur à ce truc pseudo-décalé. Se prendre pour Helmut Newton, Jean Rollin et Claude Mulot, vouloir faire son "Portier de nuit" ofniesque, c’est bien mais encore faut-il en avoir les moyens.


La série Z ne peut être réussie que si elle est généreuse, que si le « perchage » n’est pas feint, on ne s’autoproclame pas nanar on laisse le spectateur vous en donner le statut.


Arielle fait du Arielle, son numéro de provoc sent le réchauffé, 30 ans de retard au compteur de la subversion. Pas un élément n’est laissé au hasard : scénario, casting, dialogues, mise en scène, tout est pensé pour qu’on s’exclame « Non non non ce n’est pas possible, elle est vraiment folle cette Arielle, on n’a jamais vu ça ». Et là se situe le vrai problème : elle n’est pas folle, on a déjà vu ça des centaines de fois, et en tellement mieux et surtout en sincère.


On se retrouve face à un tel film comme face à une bonne partie de l’art contemporain : l’artiste me prend-il pour une saucisse ou est-ce un génie avant-gardiste et donc par définition indéchiffrable aujourd’hui ? Ici j’ai choisi mon camp, celui du "Jour et la Nuit" qui lui avait la foi en son premier degré, qui s’imposait instantanément comme le geste sublimement prétentieux et chevaleresque d’un homme sûr d’un talent qu’il ne possède pas.


J’ai beaucoup pensé à Maurice Lemaître et Isidore Isou durant ces 97 minutes, ils n’imaginaient certainement pas en rédigeant leurs "Films imaginaires" et "Traité de bave et d'éternité" qu’ils enfanteraient des monstres. Ou plutôt si, ils auraient adoré en enfanter, mais des vrais, des désynchronisés, pas ceux de pacotille, pas ceux qui pensent qu’il suffit de réunir du Michel Fau, du Poni Hoax et du Argento à l’écran pour être punk.


Le surréalisme n’est pas dans l’œuvre, elle est dans nos vies : être confiné depuis 3 semaines parce que le Nouveau monde ne peut exister qu’avec les outils du Moyen Âge, faire un apéro virtuel à 19h parce qu’embrasser tes proches est devenu interdit, enchaîner avec une séance de ciné virtuelle à 21h parce que c’est ça la réelle victoire de Netflix qui avait compris bien avant tout le monde que ses séries étaient un virus qui ferait de nous des prisonniers volontaires.


Conclusion : J'espérais sortir de cet "Alien Crystal Palace" avec l'envie d'être fun comme lui, de vous en dire quelques mots, avec humour et détachement. Mais non, et rien que pour ça je lui en veux, il m'a rendu tristement sérieux. Car c'est ce qu'il est, un produit sage et calibré. Calibré pour être « décalibré ».


Sachez qu'après les apéros virtuels existent dorénavant les séances de ciné virtuelles. Un groupe de membres s'est ainsi constitué pour mater ensemble, mais à bien plus d'un mètre de distance, un film par semaine, puis d'en discuter ensuite. Ce lieu a ouvert ses portes mercredi dernier avec cette chose d'Arielle Dombasle, et vous en trouverez d'ailleurs une critique "mixée" par 7 d'entre nous ici. Si jamais l'expérience (et vous êtes prévenus, le terme prend ici tout son sens) vous intéresse, si vous voulez en savoir plus sur ce club secret, contactez-moi en MP. Avertissement : Tu te prends au sérieux et tu es camarade avec le premier degré, tu n'es pas un « curieux artistique », tu aimes le cinéma bien conventionnel et n'as pas le goût du risque ? Alors abstiens-toi, dans la confrérie tu ne te plairas pas.

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le 13 avr. 2020

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takeshi29

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