J'ai acclamé vivement Julia Ducournau pour son Grave. Je le trouvais vecteur d'émotion juste. Et c'est justement le lieu précis où Alpha se désincarne. Vecteur d'émotion instrumental. On ressent des choses. Mais ça paraît être un outil plus qu'une conséquence. Ducournau veut émouvoir mais c'est purement gratuit. La musique semblant dire "là pleurez" "là frissonnez" ne laisse pas de place à l'humain spectatoriel.
Après 1h30 chaque scène est la même. Elles se croient toutes la dernière. Portant la grandiloquence des conclusions. Tahar Rahim, qui reste monstrueux, paraît bien mourir soixante fois avant la fin. L'émotion est amenée indélicatement par la musique. Il s'agit d'une victoire aussi douce-amère que vide.
On sent les idées, les ambitions. Bien que beaucoup soient d'anciens concepts, certains me paraissent intelligents et pertinents, les larmes sur le corps de l'autre notamment. Julia redit ce qu'elle sait, donne une nouvelle fois à voir son univers esthétique, rouge, orange, d'un ton grave. Empli de symbolique creuse et peu fine. Que ce soit l'échafaudage ou la relation bleu/orange, tout creuse, tout redit. Aucune recherche et les idées défilent sur scène.
J'y vois surtout une déception. Non pas que ce soit inintéressant, mais Ducournau a été vectrice de mieux. Ducournau semble vouloir s'incarner dans un flux émotif. Elle a un potentiel de mise en scène, alors qu'elle l'explore. Qu'elle fasse autre chose que de l'émotion.
L'esthétique de l'esprit mort. Du trop-plein.