Bon alors là j'avoue que j'ai hésité parce que malgré tout le film semble essayer d'être sérieux et qu'il y a quand même de bons moments mais je ne peux juste pas tolérer ce genre de productions ridicules, soi-disant tolérantes mais profondément navrantes de paternalisme dégoulinant à la limite de la caricature.


Commençons par Camille, la niaise de service qui ressemble à une française perdue à Disnelyand qui pose à tout va des questions aux centrafricains comme si elle parlait à des enfants voire à des débiles tout en donnant des leçons dignes d'un enfant de 5 ans qui n'a jamais vu le monde de ses yeux ; cette demoiselle y va de tout cœur : "oui mais si tout le monde est méchant, alors la violence ne cessera pas", "non tu dois rester ici pour faire bouger les choses, pas besoin de venir en France", "il faut que ça change"... Eh oui les affaires humaines sont plus complexes que ça et non il n'y a pas de baguette magique qui fait penser les autres "comme il se devrait". "Oui mais justement elle est jeune"...les gars, elle a 25 ans, elle n'est pas à l'école primaire. Ensuite, elle se sent bien avec eux, elle est "chez elle"...facile à dire quand ton statut te protège, si elle avait été centrafricaine elle aurait déjà regretté ses paroles.
En voulant rendre hommage à Camille Lepage, ce film l'a selon moi ridiculisée et caricaturée comme la petite bourgeoise de base qui part dans les pays du tiers monde (avec son MacBook Pro) en croyant vivre ce que vivent les autres avec sa bien-pensance qui met des barrières avec les gens qu'elle croit respecter.
Et le pire c'est que le film le dit...mais évidemment la réalisatrice fait le choix de la facilité en persistant dans son manichéisme benêt et son utilisation honteuse d'une situation qui la dépasse pour faire pleurer dans les chaumières.


Car en effet, il est là l'autre problème de Camille : finalement passer au dessus de son contexte. Le film nous dit quoi de la guerre ? Pas grand chose d'autre que "la violence c'est mal" (je caricature mais c'est un peu ça) en nous dressant un portrait des bons sauvages qui s'entretuent, notamment aidés par les français qui ont foutu la merde. Et je parle bien de "bons sauvages" car ce film voyeur a bien cette odeur de paternalisme inoffensif, condescendant et inefficient...ne disant rien des populations locales, ne cherchant pas à vraiment montrer leur culture mais plutôt à les présenter comme des gens hors de la civilisation. Jamais ces gens ne sont vraiment montré autrement que dans les caricatures éculées de pauvres africains victimes de leur propre violence.


Enfin, le film est juste une purge à regarder sur le plan formel. Les scènes s'enchaînent avec une caméra souvent nauséeuse, cherchant à tout prix à choquer plutôt qu'à expliciter ou à mettre en perspective. Ce dernier point montre d'ailleurs toute l'ambivalence que crée ce genre de journalisme et de film : en voulant choquer, ils provoquent la seule réaction logique qui est l'intervention française qu'ils condamnent ensuite plutôt que de chercher à apporter des explications sur les nœuds du problème.


Pour toutes ces raisons, je déplore que de tels films condescendants, voyeurs, benêts, préférant le choc des images partisanes et limite racistes soient encore produits en 2019. Une daube simpliste qui dessert la cause de la journaliste et qui est donc loin d'un hommage mais plutôt de tout l'inverse, un coup de poignard.

Foulcher
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le 17 oct. 2019

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