Il était un début...
Vous vous dites que ce n'est pas un bon plan, n'est-ce pas? Parce qu'il y a un plan ? J'avais l'impression qu'on allait risquer des millions de dollars et des centaines de vies sur un simple...
le 25 avr. 2021
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Après le succès de Die Another Day en 2002, qui avait engrangé 540.000.000$ au box-office, la perspective d’un cinquième James Bond avec Pierce Brosnan semblait prometteuse. La presse et les fans spéculaient activement, d’autant que le contrat de Brosnan incluait une option pour un autre film. Les producteurs de la franchise, Barbara Broccoli et Michael G. Wilson, envisageaient sérieusement de continuer avec l’acteur irlandais, que j’apprécie énormément pour son interprétation du célèbre espion. Pierce Brosnan, de son côté, était enthousiaste à l’idée de prolonger son aventure dans le rôle, incarnant une combinaison parfaite de charme, sophistication et action.
En 2003, Pierce Brosnan, alors en plein tournage aux Bahamas, reçoit un appel inattendu de Londres : Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, l'informent que les négociations pour un cinquième film ont échoué. Bien que Brosnan ait exprimé son envie de continuer à incarner l’espion, les producteurs estiment qu'à 50 ans, il est devenu trop âgé pour le rôle. Leur vision pour l’avenir de la franchise implique un James Bond rajeuni, capable de séduire une nouvelle génération de fans et de moderniser la série.
Pierce Brosnan restera à jamais gravé dans l'histoire de James Bond comme l'incarnation parfaite du gentleman espion, alliant élégance, humour et charisme. Sous son interprétation, James Bond a su briller dans des aventures mêlant sophistication classique et action spectaculaire. Brosnan a donné à Bond une humanité subtile tout en conservant son aura indestructible, séduisant autant les fans de longue date que les nouvelles générations. Avec son smoking impeccable et son regard perçant, il a su réinventer le mythe tout en honorant l’héritage de ses prédécesseurs.
Pour trouver le successeur de Pierce Brosnan, les producteurs Barbara Broccoli et Michael G. Wilson ont lancé un processus de casting rigoureux, s’étendant sur plusieurs mois. Déterminés à réinventer James Bond, ils ont cherché un acteur capable d’apporter une intensité et une profondeur nouvelles au personnage. Le test final pour les candidats était emblématique : ils devaient jouer une scène de From Russia with Love, où Bond rencontre Tatiana Romanova pour la première fois. Cette séquence exigeait un mélange parfait de charme, d’assurance et de vulnérabilité. Daniel Craig, alors âgé de 38 ans, a impressionné les producteurs par sa capacité à capturer l’essence de Bond tout en y insufflant une brutalité réaliste.
Lorsque Daniel Craig est annoncé comme le nouveau James Bond, une partie des fans de la saga exprime un rejet virulent, allant jusqu’à créer des campagnes de protestation en ligne, dont le slogan mémorable était : « My Bond is not Blond ». Ces critiques pointaient son apparence physique, jugée trop éloignée de l’image traditionnelle du personnage : cheveux blonds, stature moins imposante que celle de Pierce Brosnan ou Sean Connery, et un visage jugé trop brut pour incarner le raffinement de 007. Certains craignaient également que Daniel Craig ne puisse capturer le charme suave et l’humour pince-sans-rire qui faisaient partie intégrante du mythe.
Oh qu’ils auront tord !
Neal Purvis et Robert Wade, scénaristes vétérans de la saga James Bond avec The World Is Not Enough et Die Another Day, se voient confier une tâche monumentale : adapter Casino Royale, le tout premier roman de Ian Fleming publié en 1953, pour lancer une nouvelle ère de 007. Le choix de revenir aux origines littéraires permet de réintroduire un James Bond brut et vulnérable, loin des gadgets extravagants et des intrigues rocambolesques des opus précédents. Avec une intrigue centrée sur un jeu de poker à haut risque et un Bond encore en pleine construction, ils insufflent au scénario une tonalité réaliste et psychologiquement intense.
Le premier roman de Ian Fleming avait déjà été porté à l’écran deux fois, mais de manière atypique. En 1954, une version télévisée avec Barry Nelson dans le rôle d’un Jimmy Bond américain s’éloignait considérablement de l’esprit de Ian Fleming. Puis, en 1967, une adaptation parodique avec David Niven tournait l’histoire en dérision, s’éloignant encore davantage de la vision originale. Pour éviter de tomber dans ces travers, Paul Haggis, scénariste oscarisé plusieurs fois, revisite le script de Neal Purvis et Robert Wade. Haggis apporte des dialogues affûtés et des enjeux émotionnels profonds, notamment dans la relation complexe entre James Bond et Vesper Lynd, ancrant cette adaptation dans un réalisme poignant.
Martin Campbell, réalisateur acclamé pour avoir relancé la saga James Bond avec GoldenEye en 1995, se voit confier une mission similaire une décennie plus tard. En 1995, il avait brillamment introduit Pierce Brosnan en modernisant 007 pour une ère post-Guerre froide, avec un mélange d'action spectaculaire et de sophistication qui avait revitalisé la franchise. En 2006, Campbell doit à nouveau injecter du sang neuf, mais cette fois en opérant un véritable reboot. Il introduit Daniel Craig dans un Bond plus brut, vulnérable et émotionnellement complexe, tout en conservant l’ADN de la série.
Sorti en 2006, Casino Royale marque un tournant dans l’histoire de James Bond et reçoit un accueil unanime de la part du public et de la critique.
La scène d’ouverture frappe instantanément par son audace et son esthétique : un noir et blanc granuleux, évoquant les films noirs classiques, qui tranche avec le style habituel de la saga. On découvre James Bond avant qu’il ne devienne l’agent 007, dans une confrontation brutale avec un traître du MI6. Le ton est sombre, la violence crue, et le duel psychologique intense. Bond élimine froidement son premier adversaire dans un combat physique sans pitié, puis exécute son second avec une sérénité glaçante. Cette séquence, à la fois minimaliste et implacable, redéfinit immédiatement le personnage : ce Bond est brut, implacable et encore imparfait, loin de l’image lisse des incarnations précédentes. Elle pose les bases d’un reboot qui explore un 007 plus humain, plus vulnérable, et paradoxalement plus redoutable.
Viens ensuite le générique d'ouverture, sur la chanson You Know My Name de Chris Cornell, s'impose immédiatement comme un moment mémorable, marquant un ton audacieux et énergique pour cette nouvelle ère de James Bond. Le morceau, à la fois rock et intense, s'accorde parfaitement avec l'esprit brut et renouvelé du film, donnant un coup de fouet à la saga. À l’appui de cette ambiance sonore, la musique de David Arnold, qui signe à nouveau la bande originale après avoir déjà travaillé sur Tomorrow Never Dies, The World Is Not Enough et Die Another Day, apporte une dimension supplémentaire à l'œuvre. Fidèle à la saga tout en y infusant de nouvelles textures et des orchestrations modernes, Arnold maîtrise l’art de combiner suspense et émotion.
Au cœur du récit, la célèbre partie de poker est bien plus qu'un simple jeu de cartes : elle incarne la rencontre décisive entre James Bond et son ennemi, Le Chiffre, tout en symbolisant l'évolution du personnage. Ce moment clé, où Bond mise tout sur son habileté stratégique et sa capacité à gérer le stress sous pression, est central dans la construction de ce nouveau 007. Contrairement aux précédentes incarnations plus axées sur l'action, cette scène dévoile un Bond plus humain, plus réfléchi, dont la vulnérabilité émotionnelle, notamment liée à son histoire avec Vesper Lynd, est palpable. Le poker, avec ses enjeux mentaux et psychologiques, devient le terrain de cette bataille de nerfs, un contraste parfait avec l'agent secret d’antan. C’est dans ce tournoi qu’il prouve non seulement son habileté à manipuler ses adversaires, mais aussi la complexité de son caractère, marquant ainsi l’émergence d'un Bond plus profond, plus réaliste, et davantage centré sur ses émotions et ses relations.
Le personnage du Chiffre est un criminel impitoyable dont le visage est marqué par un mélange de froideur et de fragilité, un trait qui le rend d’autant plus menaçant. L’interprétation de Mads Mikkelsen dans ce rôle est tout simplement magistrale. L’acteur danois parvient à insuffler une complexité étonnante à ce personnage, souvent décrit comme un simple méchant de film d'espionnage. Son regard glaçant et ses gestes mesurés, notamment dans les scènes de tension avec Bond, créent une atmosphère d'angoisse constante. Mais ce qui rend sa prestation remarquable, c’est la subtilité avec laquelle Mikkelsen joue les contradictions de son personnage : un terroriste dévoué à la violence, mais aussi un homme fragilisé par la perte d’un pacte et la pression des dettes qu’il doit rembourser. Cette interprétation nuancée transforme le Chiffre en un méchant inoubliable, rendant son affrontement avec Bond d’autant plus intense et captivant.
Bien que l'affrontement avec le Chiffre, intense et tendu, constitue un moment clé du film, il n’est pas le véritable climax. En effet, le véritable point culminant du film réside dans la relation entre James Bond et Vesper Lynd, qui devient le moteur émotionnel de l’intrigue. En plaçant cette dynamique au centre du récit, le film permet de creuser plus profondément le caractère de ce nouveau Bond, bien plus complexe et vulnérable que ses prédécesseurs. L’évolution de Bond à travers ses sentiments pour Vesper est cruciale pour le développement de son personnage, notamment dans sa relation avec les femmes. Vesper n'est pas un simple intérêt amoureux, mais un miroir qui reflète ses faiblesses et ses aspirations, et sa trahison finale marque un tournant dramatique dans la psychologie de Bond. Ce choix de placer la dimension émotionnelle au cœur du récit permet ainsi de redéfinir 007, en le présentant non seulement comme un agent redoutable, mais aussi comme un homme capable d'aimer et d’être blessé, une facette qui façonne sa vision du monde et des relations futures.
L'interprétation de Eva Green dans le rôle de Vesper Lynd est l'une des plus marquantes de la saga James Bond, faisant d'elle l'une des meilleures James Bond girls de l’histoire du cinéma. Dès sa première apparition à l’écran, Green incarne une femme complexe, à la fois forte et vulnérable, qui ne se limite pas au stéréotype de la jolie tentatrice. Vesper est un personnage profondément humain, avec ses propres blessures et ses motivations, ce qui la rend d’autant plus intrigante et captivante. Eva Green réussit à insuffler une profondeur émotionnelle à Vesper, montrant ses dilemmes intérieurs, sa lutte contre la séduction de Bond et ses secrets bien gardés. Vesper devient ainsi une figure centrale dans l’évolution de l’agent 007, rendant l’impact de son histoire d’amour et de sa trahison d'autant plus dévastateur.
Il est difficile de ne pas adorer ce nouveau James Bond incarné par Daniel Craig. Ce Bond, plus brut et humain que ses prédécesseurs, apporte une profondeur émotionnelle qui le rend encore plus captivant. Ce qui est également génial, c'est que le film met en avant des Bond girls comme jamais auparavant, avec Eva Green dans le rôle de Vesper Lynd, une femme complexe et essentielle à l’histoire, loin des stéréotypes habituels. Et puis, il y a Le Chiffre, incarné par Mads Mikkelsen, un méchant d'une rare intensité et d'un charisme glaçant qui domine l’écran à chaque apparition. Le mélange parfait d'action palpitante, de tension psychologique et de personnages mémorables fait de ce film un incontournable de la franchise.
Casino Royale marque un tournant radical et mémorable dans l'univers de James Bond. En réinventant le personnage, en lui donnant une profondeur émotionnelle inédite et en mettant l'accent sur des personnages féminins forts et un méchant d'une grande complexité, le film réussit à captiver à la fois les fans de longue date et une nouvelle génération. Daniel Craig s’impose avec brio dans le rôle de 007, offrant une performance intense et vulnérable qui redéfinit l'espion iconique. Avec une narration moderne, des scènes d’action spectaculaires et des enjeux émotionnels forts, Casino Royale est non seulement un excellent film d'espionnage, mais aussi un chef-d'œuvre qui redonne toute sa force à la saga James Bond, la propulsant vers de nouveaux horizons.
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Créée
le 17 nov. 2024
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