Satire à balles réelles, mais pas sans sommation. Il ne s'agit pas de comparer Classe moyenne à Parasite ou à Sans filtre, parce que le film d'Antony Cordier (son meilleur) a moins l'ambition de la profondeur que celle de la légèreté pimentée par des éclats de méchanceté, dans une version volontairement caricaturale, mais bien vue, de la lutte des classes, au beau milieu d'une somptueuse propriété du sud de la France. À partir d'un casus belli entre des propriétaires argentés et des gardiens soumis à leurs diktats, mais qui n'en pensent pas moins, le film renvoie presque dos à dos riches et pauvres, dans des rapports qui restent toujours liés au nerf de la guerre : le fric. Dialogues cinglants, situations extrêmes et surtout interprétations al dente, hissent Classe moyenne bien plus haut que la moyenne des comédies françaises, y compris du point de vue de la mise en scène, sobre et sèche, suffisamment efficace pour ne pas tomber dans le registre éculé et peu subtil du théâtre de boulevard. Dans ce petit jeu de rôles malsain, Laurent Lafitte s'impose comme le chef de meute, imbu de sa propre vanité, condescendant et cynique à souhait. Au point que ses petits camarades, comme Ramzy, par exemple, ont parfois du mal à suivre sa grandiose interprétation. Quoi qu'il en soit, dans ce jeu de massacre onctueusement organisé, le plaisir coupable des voyeurs que nous sommes est constamment au rendez-vous, en dépit d'un dénouement hâtif et moyennement convaincant.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2025

Créée

le 28 sept. 2025

Critique lue 44 fois

4 j'aime

1 commentaire

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 44 fois

4
1

D'autres avis sur Classe moyenne

Classe moyenne
Electron
7

Fluctuat nec mergitur ?

Primo : C’est l’été et Mehdi El Glaoui (Sami Outalbali) est invité par sa petite amie, Garance (Noée Abita) à séjourner une dizaine de jours dans la résidence secondaire de ses parents, Philippe...

le 22 sept. 2025

14 j'aime

7

Classe moyenne
JanosValuska
2

Jeu de massacre.

Laurent Laffite est génial. Laure Calamy merveilleuse. Ramzi excellent. Elodie Bouchez très juste. Les trois plus jeunes font le taf : Noée Abita, sublime dans Ava ; Sami Outalbali & Mahia...

le 27 sept. 2025

12 j'aime

Classe moyenne
Behind_the_Mask
7

Cette étrange obsession des locutions latines

La comédie française, ce n'est plus trop ça depuis bientôt Dieu seul sait quand : standardisée par le lourd cahier des charges des cases télévisuelles du prime time, vampirisée par quelques tristes...

le 2 oct. 2025

11 j'aime

7

Du même critique

Anatomie d'une chute
Cinephile-doux
6

Procès d'intentions

Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...

le 28 mai 2023

91 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

83 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

76 j'aime

17