Satire à balles réelles, mais pas sans sommation. Il ne s'agit pas de comparer Classe moyenne à Parasite ou à Sans filtre, parce que le film d'Antony Cordier (son meilleur) a moins l'ambition de la profondeur que celle de la légèreté pimentée par des éclats de méchanceté, dans une version volontairement caricaturale, mais bien vue, de la lutte des classes, au beau milieu d'une somptueuse propriété du sud de la France. À partir d'un casus belli entre des propriétaires argentés et des gardiens soumis à leurs diktats, mais qui n'en pensent pas moins, le film renvoie presque dos à dos riches et pauvres, dans des rapports qui restent toujours liés au nerf de la guerre : le fric. Dialogues cinglants, situations extrêmes et surtout interprétations al dente, hissent Classe moyenne bien plus haut que la moyenne des comédies françaises, y compris du point de vue de la mise en scène, sobre et sèche, suffisamment efficace pour ne pas tomber dans le registre éculé et peu subtil du théâtre de boulevard. Dans ce petit jeu de rôles malsain, Laurent Lafitte s'impose comme le chef de meute, imbu de sa propre vanité, condescendant et cynique à souhait. Au point que ses petits camarades, comme Ramzy, par exemple, ont parfois du mal à suivre sa grandiose interprétation. Quoi qu'il en soit, dans ce jeu de massacre onctueusement organisé, le plaisir coupable des voyeurs que nous sommes est constamment au rendez-vous, en dépit d'un dénouement hâtif et moyennement convaincant.