Bile des esclaves
La comédie française est tellement phagocytée par les clichés qu’il devient assez difficile de savoir lesquelles mériteraient un visionnage. Le pitch de Classe moyenne, qui voit s’affronter les...
le 29 sept. 2025
13 j'aime
6
La lutte des classes n’est pas morte, apparemment, et à l’heure des innombrables débats, plus ou moins pertinents, sur la taxation des riches, Classe moyenne vient dire cette société fracturée comme jamais où chacun, nantis comme sans-dents, cherchent d’abord à préserver ses avantages et à profiter du système. Mais pas de grands discours ici : Antony Cordier a choisi l’angle de la satire pour exprimer la violence des interactions sociales face à une situation propre à mettre en exergue la médiocrité et les vils arrangements de tous et de toutes. Situation qui voit un couple de bourgeois (lui avocat, elle actrice) et leur fille entrer en conflit avec le couple de gardiens de leur villa et leur fille. Et puis avec, au centre, le copain de la fille dudit couple de bourgeois qui, naïvement, croit pouvoir ramener tout le monde à la raison…
Quelque part entre Ruben Östlund (le film commence avec des canalisations bouchées et des litres de merde se déversant sur l’un des personnages principaux), le Parasite de Bong Joon-ho et la farce à l’italienne mâtinée de Claude Chabrol (La cérémonie en particulier), Classe moyenne entend donc n’épargner personne de la (dé)monstration. Les blindés et les gueux, les boomers et la nouvelle génération, tout le monde y passe. Et pas de pitié non plus pour celles et ceux cherchant à réconcilier les opposés, impitoyablement «mis de côté» (la fin du film ne fait pas dans la dentelle) dans un monde qui continuera de tourner sans eux, et tant pis pour les frêles idéaux d’un «vivre ensemble» chimérique. Monde de merde 1, rapports humains 0.
La première moitié du film sait être plaisante, installant protagonistes et antagonismes larvés dans une ambiance alanguie de luxe et de délicieux cynisme, entre soleil piquant la peau et petites piques dans la gueule (il s’agit de conseiller tout en ordonnant, de sourire tout en persiflant…). Puis, lentement, le film vient à perdre de son pouvoir de séduction, et plus il avance dans les diverses saloperies que se font untel et unetelle, plus ça devient gros trait. Ça devient gros sabots. Et, surtout, on rit moins. Certes, la satire vire, à dessein, au dégommage en règle où c’est à celui ou à celle qui aura le dernier mot en trichant, mentant ou sabordant, mais on ne pourra s’empêcher de trouver cette deuxième moitié moins maîtrisée dans sa mécanique d’opposition, subtile et cruelle, entre deux espèces menacées, et ce malgré les prestations géniales d’un casting aux petits oignons avec, en tête, un Laurent Lafitte qui, comme à son habitude, excelle dans la veulerie et la perfidie onctueuses.
Créée
le 6 oct. 2025
Critique lue 13 fois
La comédie française est tellement phagocytée par les clichés qu’il devient assez difficile de savoir lesquelles mériteraient un visionnage. Le pitch de Classe moyenne, qui voit s’affronter les...
le 29 sept. 2025
13 j'aime
6
Laurent Laffite est génial. Laure Calamy merveilleuse. Ramzi excellent. Elodie Bouchez très juste. Les trois plus jeunes font le taf : Noée Abita, sublime dans Ava ; Sami Outalbali & Mahia...
Par
le 27 sept. 2025
12 j'aime
La comédie française, ce n'est plus trop ça depuis bientôt Dieu seul sait quand : standardisée par le lourd cahier des charges des cases télévisuelles du prime time, vampirisée par quelques tristes...
le 2 oct. 2025
11 j'aime
7
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
189 j'aime
4
Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...
Par
le 19 oct. 2013
181 j'aime
43
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
163 j'aime
25