Qu’il est bon de voir des blockbusters d’une telle qualité ! Au milieu d’un paysage cinématographique drivé par de la bouillie de grosses productions américaines (on a parfois l’impression d’un nivellement par le bas), voir des longs métrages aussi ambitieux et réussis fait extrêmement plaisir !
Pour ma part, j’ai totalement retrouvé dans F1 l’immersion spectaculaire que le réalisateur Joseph Kosinski avait su donner à Top Gun Maverick. Il n’y a rien de pire pour un film centré sur la course automobile que de ne rien ressentir pendant les séquences de compétition. Récemment, Rapide de Morgan S. Dalibert, ou encore Ferrari de Michael Mann, m’avaient vraiment déçu car j’avais trouvé que la magie d’être embarqué au volant des bolides avec les pilotes n’opérait pas (au contraire par exemple de Gran Turismo, qui n’était pas exempt de défauts mais qui était particulièrement immersif côté courses).
Il faut dire que Joseph Kosinski applique ici à la lettre la recette du succès de Maverick : un cast attrayant avec l’homme le plus cool du monde (certes Brad Pitt fait du Brad Pitt, mais c’est toujours un tel plaisir de le voir à l’écran !) et des cascades « en vrai », en caméra embarquée. Pas ou peu de fonds verts : de vrais F1 [en réalité des F2 trafiquées] sur de vrais circuits (on pense évidemment à Le Mans, de Lee H. Katzin, déjà tourné pendant les 24H en 1971). Et il faut dire que ça change tout ! F1 est tourné lors de vrais Grand Prix, notamment à Silverstone, Monza, Spa-Francorchamps et Yas Marina.
L’écurie fictive Apex GP y côtoie, pour les besoins du tournage, les vrais enseignes de légende. Et les vrais pilotes, à l’image du septuple champion du monde Lewis Hamilton (Mercedes) qui a d’ailleurs coproduit le film aux côtés de Jerry Bruckheimer (l’un des plus grands producteurs américains : de Top Gun 1 & 2, du Flic de Beverly Hills, des Pirates des Caraïbes, …) et de Brad Pitt via sa société Plan B. On y retrouve également d’autres coureurs, comme Max Verstappen, Charles Leclerc, ou Lando Norris. Tout cela donne au film un caractère extrêmement réaliste.
Côté scénar, l’intrigue ne va pas chercher midi à 14h : Sonny Hayes, prodige de F1 des années ’90 (il a arrêté la course à la suite d’un grave accident) reprend du service pour sauver de la faillite une jeune écurie dirigée par Ruben Cervantes (Javier Bardem dans l'un de ses meilleurs rôles). Sonny va devoir se frotter au jeune et intrépide Joshua Pearce (Damson Idris, vu notamment dans la série Black Mirror) qui ne voit pas d’un très bon œil le fait de lui flanquer un papi comme coéquipier.
Pourtant, malgré une trame globale assez classique, j’ai trouvé le traitement du film assez novateur. Là où tous les autres films de course auto ont systématiquement le même schéma (présentant la F1 comme un sport solitaire et insistant sur la rivalité entre deux grands pilotes – au hasard, citons Rush et la confrontation entre James Hunt et Niki Lauda), F1 base son intrigue sur l’esprit d’équipe. Pas seulement au sein de l’écurie, mais surtout sur la piste : via la manière dont un pilote peut bloquer ses concurrents pour favoriser son coéquipier. Et ça, honnêtement c’est une nouveauté que je n’avais jamais vu traité dans le sport auto (alors forcément, les fins connaisseurs trouveront sans doute à me citer quelques titres où c’était déjà le cas… oui).
Que l’on aime ou non Brad Pitt, F1 donne au spectateur un sentiment galvanisant rare au cinéma. Rien d’étonnant à ce que le long métrage connaisse une longévité exceptionnelle dans nos salles obscures (il est actuellement dans le top 5 en 11e semaine d’exploitation), et soit à l’heure où j’écris ces lignes le deuxième plus gros succès de l’année – plus de 3 millions d’entrées – derrière la bouillasse Lilo & Stitch. Un film à découvrir sur grand écran, of course !