To live and let sigh
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Un artiste peut-il prétendre avoir atteint une maestria telle qu’il condamne toute nouvelle création à la malédiction car issue du seul rapiéçage de ses parties précédentes ? Le lien unissant cette nouvelle adaptation à la filmographie de Guillermo del Toro semble relever de l’évidence : Victor Frankenstein détruit tout ce qui l’entoure alors même qu’il détient le secret de la vie après la mort, la faute à son égoïsme, de même que le cinéaste dégrade les situations de bonheur qui n’adviennent à l’écran qu’à l’état de passages obligés topiques auxquels personne ne croit, aussi bien les acteurs que le spectateur – la chasse aux papillons !
Les signatures visuelles, comme les plans mobilisant divers parapluies ou le manoir en ruine reconquis par la végétation, se doublent de reprises narratives et tonales : la romance interdite entre Elizabeth et la créature citent sans détours The Shape of Water (2017) qui constituait déjà un pot-pourri de l’univers de Guillermo del Toro, portée par une mise en scène tour à tour emphatique, engagée dans un mouvement permanent en légère contre-plongée – ce choix confère une théâtralité aux séquences d’intérieur –, et glissante, sinon liquide, coulant ses images comme est emportée une feuille d’arbre par un ruisseau en sous-sol. Comme sur le dernier volet de la saga Jurassic World (Gareth Edwards, 2025), Alexandre Desplat fait beaucoup de bruit, teinte ici ses arrangements reconnaissables d’un gothique bienvenu mais plutôt impersonnel.
Bref, ce Frankenstein produit une impression similaire au dernier Tim Burton (Beetlejuice Beetlejuice, 2025), celle de cinéastes ayant cédé au recyclage de leur geste artistique conformément à une industrie ayant triomphé d’eux – Warner pour l’un, Netflix pour l’autre.
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le 9 nov. 2025
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