Alien vs Predateur
L’Étrange Festival 2025 a démarré, et c'est toujours un bonheur que de découvrir les nouvelles propositions singulières du cinéma mondial. Si j'ai toujours regretté de ne pas accorder assez d'intérêt...
Par
le 13 sept. 2025
L’Étrange Festival 2025 a démarré, et c'est toujours un bonheur que de découvrir les nouvelles propositions singulières du cinéma mondial. Si j'ai toujours regretté de ne pas accorder assez d'intérêt à la compétition court métrage, je m'étais promis de rattraper le coup quoi qu'il arrive afin d'éviter de passer à côté de pépites ayant beaucoup de mal à devenir accessible par la suite comme Chew de Félix Dobaire, Plan-Plan Culcul de Alexandre Vignaud (si quelqu'un a un moyen de voir le court métrage, n'hésitez pas), Un Genre de Testament de Stephen Vuillemin, ou même Eeva de Lucija Mrzljak et Morten Tsinakov. A l'image de quand j'ai pu découvrir Stuffed de Louise Labrousse, Prends Chair d'Armin Assadipour ou même Dieu est Timide de Jocelyn Charles (dont l'absence en compétition de l’Étrange Festival surprend tant le film aurait parfaitement sa place), j'étais prêt à voir n'importe quoi tant que les propositions semblaient alléchantes. Ce fût le cas du programme 3 de la compétition officielle, composé exclusivement d’œuvres en animation qui promettaient un voyage aux mille imaginaires, pour le meilleur... et on espérait pas le pire. Après Um, Kurt of Street lamp, Wild Animal, Playing God, Process Meaning (Sabotage), Avant de rentrer et Soutien Moral, j'avais un avis en demi teinte quant à la compétition. Oui il y a de très belles propositions mais, dans l'ensemble, on est majoritairement sur des présentations d'univers très singuliers qui prennent le pas sur la narration et l'envi de réaliser des courts métrages à proprement parlé. Si Kurt of Street lamp est arrivé à échapper à cela car j'ai eu un vrai coup de cœur, je me retrouvais quand même un peu déçu de ne pas avoir de "vrais" propositions narratives. La question était de savoir si Hept était un possible game changer, ou est ce que la compétition était jouée.
J'avais peu d'attente quant à Hept car une proposition en provenance d’Équateur et, s'il y a toujours une forme d'exotisme dans les œuvres en provenance de pays à la cinématographie émergente, il y a aussi une forme d'amateurisme qui abouti rarement à des projets dont on peut se souvenir l'année d'après et, d'une certaine manière, c'est la plus grande faiblesse du court métrage. Dès les premières minutes, on découvre une animation et une direction artistique qui laisse que trop peu de contrastes, et qui rappelle presque les courts métrages Blender Studio en plus hésitant. On sent un univers que l'on veut extrêmement propre pour mieux dissimuler l'horreur, dans une sorte de monde trop beau pour être vrai (se rattachant littéralement au propos du film) et, dans cette logique, le film marche admirablement. Malheureusement, on sent que cette propreté d'ensemble n'est pas que volontaire et résulte aussi d'un manque d'expérience en animation qui se voit notamment dans la gestion de la caméra, toujours dans des mouvements amples qui ne laissent aucune place à l'irrégularité. Pourtant, ce souci s'efface face à un autre beaucoup plus problématique qui est l'animation du personnage, tout particulièrement au niveau de l'acting, qui nous empêche de pleinement croire à ce qu'on voit. Le personnage en fait des caisses et donne l'impression d'avoir été animé par un étudiant en première année qui réalise un exercice sur comment animer un personnage en 3D. Alors que le film demande une certaine tension, le personnage transpire une certaine candeur qui désamorce tout effet de peur. Pourtant, malgré tout cela, je n'arrive pas à ne pas éprouver un profond respect et un vrai attachement sincère face à la proposition qui, factuellement, marche et est loin d'être inintéressante.
Le film sait très bien présenter son univers avec des détails parfois minimes, comme ces lasers et drones dans le ciel, qui nous aident à plonger pleinement dans le récit. Le tout est assez naïf et maladroit, mais cette maladresse vient au service d'une fin et d'un ensemble très riche en contraste. Le personnage va pour se balader dans un milieu qui raconte une histoire, rien que dans l'analyse des éléments disposés par endroits. Cela me rappelle beaucoup Garden Party, dans sa logique de narration à travers l'environnement et une description minutieuse d'un lieu que l'on découvre via une déambulation. Ici, on nous présente un personnage par l'intermédiaire d'un autre qui va faire sa rencontre et qui va "le rendre service" d'une manière que je vous laisse découvrir. Volontairement ou non, vu que le film avance pas à pas dans l'avancé de son scénario, on est quasiment obligé d'être captivé par ce qui se passe, et on attend ainsi une fin qui arrive à surprendre par sa violence, mais aussi par ce qu'elle raconte. Tout est fait dans une forme de surprise un peu candide, presque absurde par instant, qui fait le charme du court métrage. Oui le film peut paraitre maladroit, mais c'est au service d'un récit qui se veut avant tout simple mais efficace. Celui a voulu nous surprendre dans un registre horrifique, il a réussit, et cela amène à un épilogue presque comique et touchant qui fonctionne car c'est l'univers décalé dans lequel on a accepté de s'aventurer, dès lors qu'on a accepté une forme de maladresse dans la réalisation. On pourra critiquer le film d'être un peu trop long (parce qu'à force de prendre son temps pour animer son personnage, le film ralenti son action), mais il n'empêche qu'il nous a diverti très efficacement, et qu'il y a toutes les bonnes idées pour l'émergence d'un court métrage encore meilleur. J'ai été très agréablement surpris et j'ai déjà hâte de voir une nouvelle création du réalisateur... en espérant qu'il acquière un peu plus d'expérience en animation.
15/20
N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.
Créée
le 13 sept. 2025
Critique lue 5 fois
L’Étrange Festival 2025 a démarré, et c'est toujours un bonheur que de découvrir les nouvelles propositions singulières du cinéma mondial. Si j'ai toujours regretté de ne pas accorder assez d'intérêt...
Par
le 13 sept. 2025
Il serait peu dire que Mars Express s'est fait attendre, et qu'il était attendu lors du festival d'Annecy 2023. Un film d'animation de SF française qui a mis près de 5 ans à se faire, par le...
Par
le 4 oct. 2023
47 j'aime
8
Il n'est pas rare que les contes, ainsi que les récits de la littérature orale, commence par "il était une fois...", "Il y a bien longtemps" [...] Le temps de la mémoire nous situe dans une longue...
Par
le 21 déc. 2022
28 j'aime
2
Il n'est pas rare que les films présentés au Festival de Cannes se retrouvent en haut du palmarès du Festival du film d'animation d'Annecy. C'était le cas pour J'ai perdu mon corps qui avait reçu le...
Par
le 4 juil. 2023
15 j'aime
1